L’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) appelle à une révision du rôle de la Banque centrale de Tunisie (BCT) afin qu’elle puisse remplir efficacement sa mission dans la mise en œuvre des politiques publiques. (Illustration : conférence de l’OTE sut la chute du dinar, jeudi 22 juin 2023 à Tunis).
Dans un rapport publié mercredi 21 juin 2023, l’OTE affirme que la dissociation entre politique monétaire, politique financière et politique économique en raison de l’indépendance de la banque centrale a entravé la mise en œuvre de politiques publiques efficaces et efficientes pour réaliser le développement économique.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi de 2016 portant sur les statuts de la BCT, cette indépendance de l’institut d’émission n’a pas eu d’impact positif sur le taux d’inflation en Tunisie, malgré le fait que la stabilisation des prix est considérée comme le rôle principal de la BCT.
Favoriser l’investissement et la création de richesses
Dans son rapport intitulé «Qui détermine la politique monétaire en Tunisie ?», l’OTE a souligné la nécessité de repenser le rôle de la BCT en fonction des nécessités de la conjoncture économique, notamment pour favoriser l’investissement et la création de richesses, et de rompre avec l’approche du Fonds monétaire international (FMI), qui limite la mission de la BCT à la lutte contre l’inflation.
L’OTE a également évoqué la polémique actuelle autour de la loi sur l’indépendance de la BCT et les inquiétudes de certaines parties étrangères à ce sujet, qui pourraient remettre en cause la stratégie de sauvetage convenue entre la Tunisie et le FMI. Il a souligné les récentes déclarations contradictoires des responsables du gouvernement tunisien sur le rôle de la BCT.
Le vice-président du parlement, Riadh Jaïdane, a affirmé qu’il y avait des limites à l’indépendance de la BCT, tandis que le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, a souligné que le gouvernement n’avait pas l’intention de modifier le statut de la BCT ou de limiter son indépendance.
L’OTE a également fait valoir que l’augmentation de la dette publique, la baisse des réserves de change de la BCT et la hausse continue du taux d’inflation avaient conduit à un débat sur le rôle de cette banque dans le développement.
Libéralisation «progressive» et «complète» du dinar
Il a souligné que le fait de lier le sort de la BCT aux conditions du FMI n’est pas sans précédent, car la pression du Fonds s’est accrue au fil du temps, puisque ses conditions ne comprennent pas seulement la réactivation de la loi sur l’indépendance de la banque. Depuis 2013, le Fonds a obligé l’exécutif à dévaluer le dinar à plusieurs reprises et à prendre d’autres mesures monétaires et financières.
Le FMI fait pression sur le gouvernement tunisien pour qu’il révise la loi sur le taux de change depuis le début des négociations sur un accord de prêt de 1,9 milliard de dollars, car il s’agit d’une procédure qui précède la signature de l’accord et la libéralisation du taux de change.
A noter que le gouverneur de la BCT, Marouane Abassi, avait précédemment affirmé que cette loi permettrait une libéralisation «progressive» et «complète» du dinar tunisien.
D’après Tap.
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