La série de faux-pas s’emballe et l’image internationale de la Tunisie n’en finit pas de s’enfoncer à des profondeurs abyssales. Surtout après la gestion calamiteuse de la crise migratoire sous la pression de l’Union européenne.
Par Elyes Kasri *
Ceux qui avaient craint que les pressions de l’extrême-droite européenne, sous le leadership empressé de la Première ministre italienne Giorgia Meloni et de la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen, ne transforment la Tunisie en un camp de concentration pour les migrants subsahariens à l’instar de l’infâme camp d’Auschwitz, connu pour ses fours crématoires et ses crimes contre l’humanité, semblent ne pas avoir été aussi excessifs que certains ne l’avaient craint.
Un four crématoire naturel
En plus des campagnes de chasse aux noirs auxquelles certains patriotes zélés se seraient adonnés pour préserver «la pureté ethnique du peuple tunisien», le confinement de groupes de subsahariens aux frontières libyennes en pleine canicule exceptionnelle semble les exposer à ce qui ressemble à un four crématoire naturel. Le comble c’est que les autorités de Tripoli, longtemps impuissantes ou complices du trafic des êtres humains et des pratiques qui relèvent de l’esclavage menées par la multitude de milices armées, se mettent à jouer effrontément au sauveteur humanitaire des Subsahariens prétendument jetés à la mort par les autorités tunisiennes.
La série de faux-pas s’emballe et l’image internationale de la Tunisie n’en finit pas de s’enfoncer à des profondeurs abyssales.
Le document intitulé «Mémoire d’entente sur un partenariat stratégique et global» entre la Tunisie et l’Union Européenne, signé au palais de Carthage le dimanche 16 juillet 2023, semble destiné à enferrer davantage la Tunisie dans une dynamique préjudiciable tant au regard du continent africain qui voit notre pays se transformer de garde frontières de l’Europe en geôlier, que de ses voisins nord-africains qui voient le précédent tunisien devoir leur être imposé pour satisfaire les chimères xénophobes de l’extrême-droite européenne.
Un enfer pour les africains
Toutefois, les plus grands perdants seront les deux millions de Tunisiens résidents à l’étranger qui subiront les assauts d’une extrême-droite européenne revigorée en plus du stigmate d’appartenir à un pays inhospitalier et xénophobe allant jusqu’à se faire le partenaire et l’allié des descendants politiques et biologiques des fascistes et des nazis.
Avec cette canicule exceptionnelle, le berceau du printemps arabe semble se transformer en enfer pour les Africains, Subsahariens et Tunisiens, en quête d’un nouveau départ et d’une deuxième chance.
* Ancien ambassadeur.
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