Ali Bécheur publie un 8e roman : ‘‘Du sel dans la bouche’’

Ali Bécheur, avocat de profession et romancier de vocation, vient de publier son huitième roman ‘‘Du sel dans la bouche’’ (éditions Taos, août 2023, Paris, France). Ce n’est pas mal pour un auteur venu relativement tardivement à l’écriture romanesque.

Né à Sousse en Tunisie, Ali Bécheur a fait des études à Tunis et à Paris. Diplôme en sciences criminelles, il a mené une carrière d’enseignant en droit et d’avocat, avant de venir à l’écriture littéraire.

Son premier roman, ‘‘De Miel et d’aloès’’, il l’a publié aux éditions Cérès, à Tunis, en 1989. Il avait alors 50 ans et eut un fervent accueil public couronné par le Prix Comar du roman tunisien, le premier d’une série. Car il publiera six autres romans tous couronnés de succès : ‘Les Rendez-vous manqués’’ (Cérès, 1994); ‘‘Jours d’adieu’’ (Cérès,  1996, Prix Comar 1997); ‘‘Tunis blues’’ (Clairefontaine,  2002); ‘‘Le Paradis des femmes’’ (Elyzad, 2006, Prix Comar 2006); ‘‘L’Attente’’ (Cérès,  2007); ‘‘Chems Palace’’  (Elyzad, 2014); ‘‘Les Lendemains d’hier’’ (Elyzad,  2017, Prix Comar 2018).

Quand on lit les récits-fictions d’Ali Bécheur, un goût de sel vous vient aux lèvres : celui des larmes cachées et de la vie qui espère, celui des rages face à l’injustice et celui de la peau pendant l’amour, et celui des rivages de la Méditerranée.

Les villes et la nature, enfer et paradis, sont le décor de ses conflits intérieurs qui nous invitent au voyage, entre spleen et sensualité, entre Paris et la Tunisie. Les hantises d’Ali Bécheur sont portées par une langue qui coule, telle l’eau bouillante d’une rivière charriant limon, cailloux et branches enlacées. Le corps n’est jamais loin, les souvenirs toujours vivaces et les sens exultent.  

Extrait : «C’est un rite. Tous les jours, il va s’asseoir sur le sable, au ras des vagues qui viennent y mourir avec un sourire d’écume, pour voir l’avalanche de lumière décliner à l’aplomb de l’horizon et finir par s’y immerger, comme un navire chavirant dont on aperçoit encore les superstructures avant qu’elles ne s’engloutissent au fond de l’eau, à l’instant où le ciel se fane. Il se dit qu’il cherchera en vain l’ailleurs, c’est nulle part, une utopie. Que sa vie n’aura été qu’un songe éveillé, un leurre, un miroir aux alouettes. Qu’il serait temps qu’il se réveille et qu’enfin il soit vivant. Mais comment? Et puis un soir, c’est à peine s’il discerne sa présence, une silhouette se découpant à contre-jour sur la mer assombrie, où le ressac bouillonne d’on ne sait quelle colère. Elle revient jour après jour, s’asseyant à chaque fois un peu plus près et il voit qu’elle n’est pas une ombre chinoise, mais une femme. À quoi joue-t-elle ? D’un soir à l’autre, l’écart s’amenuisant, il se dit que c’est une tekeza, diseuse de bonne aventure, à en juger par sa mélia d’un rouge passé et le grand châle qui l’enveloppe jusqu’au bas des reins. Elle va tenter de me soutirer un peu de pognon en me racontant une histoire apprise par cœur, que je vais gagner un tas de fric, que je serai célèbre et que j’épouserai une princesse des Mille et une nuits. D’accord. Je lui donnerai quelques pièces et elle ira plus loin se trouver un autre pigeon…»

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