Le poème du dimanche : ‘‘Jérusalem’’ de Najwan Darwich

Najwan Darwich est poète et journaliste. Il partage son temps entre sa ville natale et Haïfa. Publie ses poèmes depuis 2000.

Né en 1978 à Jérusalem, un choix de poèmes, Tu n’es pas poète à Grenade est traduit par Abdellatif Laâbi aux Ed. Le Castor astral, Paris, 2023. Autre ouvrage, en version bilingue par Antoine Jockey, aux Ed Al-feel, en Palestine, 2011. Il est responsable aujourd’hui des pages culturelles du journal arabe, basé à Londres, Al-Arabi al-
Jadid
. Il compte parmi les auteurs influents sur la culture arabe. Son œuvre est traduite dans différentes langues et récompensée de nombreux prix.

Tahar Bekri

Quand je te quitte je me pétrifie

Quand je retourne vers toi je me pétrifie

Je te nomme Méduse

Je te nomme la sœur aînée de Sodome et Gomorrhe

Petits fonts baptismaux qui brûlèrent Rome

Les morts fredonnent sur les collines

Les insoumis reprochent aux narrateurs leur histoire

Et moi je laisse la mer derrière moi et reviens vers toi

Je reviens

Avec cette petite rivière qui se jette dans ton désespoir

J’entends les récitants funéraires les porteurs de linceul

et la poussière des consolateurs

Je n’ai pas atteint la trentaine et tu m’as enterré de nombreuses fois

Chaque fois

Je sortais de terre à cause de toi

Qu’ils aillent en enfer ceux qui te vénèrent

Les vendeurs de souvenirs de ta souffrance

Tous ceux qui sont debout avec moi sur la photo

Je te nomme Méduse

Je te nomme la sœur aînée de Sodome et Gomorrhe

Petits fonts baptismaux qui brûlèrent Rome

Quand je te quitte je me pétrifie

Quand je retourne vers toi je me pétrifie

Trad. de l’arabe par Tahar Bekri

Source : « Poésie de Palestine », Ed. Al Manar

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