On attendait la réaction du président de la république Kaïs Saïed sur le faible taux de participation aux élections locales tenues dimanche 24 décembre en Tunisie. Elle a quelque peu tardé, mais n’a pas surpris grand monde. (Vidéo)
Selon les chiffres officiels annoncés par la commission électorale, seuls 11,84% des Tunisiens inscrits sur les listes électorale ont fait le déplacement, dimanche, vers les bureaux de vote, qui étaient quasiment vide. Il en faut cependant beaucoup plus (ou moins dans ce cas précis) pour surprendre le chef de l’Etat qui a voulu cet énième scrutin que, finalement, 9 Tunisiens sur 10 n’ont pas saisi l’importance et encore moins l’urgence.
Lors de sa visite à l’usine sidérurgique de la société publique El-Fouladh à Menzel Bourguiba (Bizerte), mardi 26 décembre, le président Saïed a expliqué que «la réticence des électeurs à se rendre aux bureaux de vote est le résultat du rejet général des Tunisiens de l’idée même de parlement», renvoyant ainsi la responsabilité de cette situation à ceux qui ont siégé au Palais du Bardo durant la «décennie noire» (2011-2021), et qui auraient donné une image négative du parlementarisme, ajoutant qu’«il faut encore du temps pour que les Tunisiens reprennent confiance dans les dirigeants, car la démocratie parlementaire est une nécessité.»
Le chef de l’État a ajouté, selon une vidéo publiée de la visite diffusée par la page officielle de la présidence de la république, qu’il préférerait présenter des résultats et des chiffres réels plutôt que de publier de faux résultats dépassant les 90%. Et on ne sait pas si l’on doit le remercier pour n’être pas intervenu auprès de l’Isie, la commission électorale, pour qu’elle falsifie les résultats, comme cela se fait sous d’autres cieux.
Le président a indiqué que les Tunisiens étaient habitués à de faux parlements, où siégeaient des mafias, tout en soulignant le paradoxe de la situation : au temps du colonialisme, des Tunisiens sont morts parce qu’ils revendiquaient l’élection d’un parlement alors qu’aujourd’hui, ils rejettent l’idée même d’un parlement.
S’adressant ensuite aux élus des conseils locaux, Saïed a soulignant qu’ils sont responsables envers ceux qui les ont élus, quel que soit le pourcentage de voix qu’ils ont obtenu.
Le président de la république ne remet donc pas en question la légitimité politique du prochain Conseil national des régions et des districts. Même si elle a été très mal élue (par un Tunisien sur dix), cette seconde chambre parlementaire sera donc bientôt mise en place n’en déplaise à l’écrasante majorité des électeurs qui n’en voient pas l’utilité, parce que le président y tient, comme un élément constitutif de son projet politique personnel, celui d’une démocratie participative… avec 11,84% de taux de participation.
I. B.
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