Les dessous de la réunion au sommet Tunisie-Algérie-Libye

A l’invitation du président Kaïs Saïed, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes El-Menfi, effectuent une visite en Tunisie ce lundi 22 avril 2024.  

Imed Bahri

Cette visite s’inscrit dans le cadre de la participation à la première réunion de consultation entre les trois dirigeants des pays frères, a annoncé, samedi 20 avril 2024, la présidence de la République tunisienne.

Rappelons qu’une première réunion des trois hommes a eu lieu en marge du 7e forum des présidents et chefs de gouvernement des pays producteurs de gaz que l’Algérie a abrité du 29 février au 2 mars dernier.

Les trois chefs d’Etat vont discuter de nombreux sujets d’intérêt commun, notamment le contrôle de leurs frontières face au flux des migrants en provenance des pays subsahariens et l’harmonisation de leurs positions et leurs politiques à ce sujet en perspective des négociations avec l’Italie qui cherche à faire traiter ce problème par les pays tiers africains.

L’UMA à la trappe

L’absence à cette réunion du Maroc et de la Mauritanie, les deux autres pays membres de l’Union du Maghreb arabe (UMA), ne saurait passer inaperçue. Mais quand on sait la situation de cet ensemble régional, en état de mort clinique depuis très longtemps, on comprend que les trois pays de l’est maghrébin puissent œuvrer ensemble en vue de régler leurs problèmes régionaux.

Quant on connaît, par ailleurs, les divergences (et le mot est faible) entre l’Algérie et le Maroc sur la question du Sahara occidental, et le changement de position de la Tunisie sur cette même question depuis l’accès du président Saïed à la magistrature suprême, on ne peut nier que cette réunion constitue une pierre dans le jardin du Royaume chérifien.

Il faut dire, à ce propos, que la normalisation des relations avec Israël décidée et mise en œuvre unilatéralement par Rabat semble avoir inspiré au président tunisien une certaine hostilité à l’égard du Maroc officiel qu’il a exprimée à plusieurs reprises ces trois dernières années, et notamment par l’accueil officiel à Tunis du président de la République Sahraouie, non reconnue par Rabat.

Last but not least, le secrétaire général de l’UMA, le Tunisien Taïeb Baccouche, ancien ministre des Affaires étrangères, est encore en poste à Rabat, où se trouve le siège de l’ensemble régional, mais il est complètement isolé, ignoré par son propre pays, qui n’a pas encore jugé utile de le remplacer, même après qu’il ait demandé officiellement de rentrer au pays.

C’est dire le peu d’intérêt que montre aujourd’hui la Tunisie à la construction maghrébine, qui n’est pas, non plus, une priorité pour les quatre autres pays de la région. Faut-il s’en féliciter ou s’en plaindre, quand on sait que les échanges commerciaux intermaghrébins représentent moins de 3% de leurs échanges globaux et qu’il y a aujourd’hui beaucoup plus de produits turcs que tunisiens dans les marchés en Algérie et en Libye?

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