Le directeur général de l’Institut national des grandes cultures (INGC), Tarek Jarrahi, a confirmé à Mosaïque que la Tunisie enregistre un important déficit de production céréalière en raison du manque de pluie et du changement climatique. Et qu’elle doit trouver des alternatives à cette situation pour assurer sa sécurité alimentaire.
Seules 3 millions de quintaux de blé ont été produites la saison écoulée alors que besoins du pays en la matière s’élèvent à environ 33 millions de quintaux, soit 9% de la quantité requise, et le déficit a été couvert par l’importation, a indiqué Jarrahi, qui parlait en marge d’un atelier sur les perspectives de développement de l’agriculture céréalière dans le gouvernorat de Tataouine, aujourd’hui, mercredi 8 mai 2024, ajoutant que cette situation ne devrait pas perdurer et qu’il est devenu nécessaire de trouver des solutions alternatives pour atteindre l’autosuffisance, en particulier à la lumière des changements climatiques persistants, de la sécheresse, des températures élevées, du manque de pluie. Pour cela, il ne faut plus compter uniquement sur la production céréalière du nord de la Tunisie, qui comprend de vastes terres destinées aux grandes cultures et dépend à 99% de la pluie, ce qui risque d’hypothéquer la sécurité alimentaire du pays.
Le choix s’est désormais porté sur l’exploitation des terres situées dans les régions désertiques, caractérisées par d’importantes ressources en eaux souterraines, a indiqué Jarrahi, ajoutant que l’INGC, dans le cadre de sa recherche de solutions, a lancé une expérimentation dans le sud de la Tunisie, plus précisément dans la région de Dhehiba, à Tataouine, qui consiste à planter 6 variétés améliorées de blé dur qui sont commercialisées sur les marchés tunisiens, et ce pour déterminer leur niveau d’adaptation au climat désertique, et cela a abouti à des résultats positifs encourageants.
Le colloque d’aujourd’hui vise à déterminer les perspectives de développement des cultures céréalières à Tataouine et dans le sud de la Tunisie et la possibilité d’imiter l’expérience réussie d’implantation de ces cultures dans le désert dans l’Algérie voisine, qui est soumise aux mêmes conditions climatiques.
Jarrahi a également souligné que le sud de la Tunisie dispose d’importantes ressources en eaux souterraines qui ne sont pas exploitées de manière adéquate et qu’il est devenu nécessaire de s’orienter vers la création d’un grand pôle agricole dans le sud du pays.
Le responsable fait référence au système aquifère du Sahara septentrional qui s’étend sur un vaste territoire englobant la zone sahélo-saharienne et recèle, à plusieurs centaines voire milliers de mètres de profondeur, plus de 30 000 km3 d’eau, accumulée au cours des périodes humides qui se sont succédé depuis 1 million d’années.
Cette ressource est censée rester comme une assurance vie pour les générations futures, mais face à l’aggravation du phénomène du stress hydrique qui frappe la région d’Afrique du Nord, elle commence à être exploitée aussi bien par la Libye que par l’Algérie et la Tunisie.
I. B.
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