Omar Ibn Al Faridh est l’un des poètes mystiques célèbres de l’islam. Il a vécu en Egypte aux 12e et 13e siècles de l’ère chrétienne. Il vécut en ascète, pauvre parmi les pauvres.
Né au Caire en 1181, mort en 1234. Soufi vénéré, sa poésie reste, dans son ensemble, propice à la rhétorique classique, dans un style qui ne manque pas d’artifices d’écriture. La dimension mystique lui donne une présence populaire importante de nos jours. Ainsi, est-il célébré lors de festivités, en Egypte.
Son recueil de poésie, ‘‘Al-Khamriyât’’ (Les poèmes bachiques) est composé de 1850 vers. Plusieurs versions existent. Nous avons recouru à l’édition établie par Karam Al-Boustani, parue à Beyroutth.
Tahar Bekri
Nous bûmes du vin en invoquant l’Aimé
Et en fûmes ivres avant que ne soit créée la vigne
La lune lui est coupe c’est un soleil que sert
Un croissant Comme il paraît, mélangé, étoiles !
S’il n’y avait sa senteur je n’aurais trouvé la taverne
S’il n’y avait sa lumière l’esprit ne l’aurait imaginé
Le temps n’en aurait laissé qu’un peu d’âme
Comme si le cacher dans le cœur des sages était un secret
S’il était cité dans le quartier ses habitants
En deviendraient ivres sans honte ni péché
Des entrailles des fûts il s’est élevé
ET n’en restait en vérité qu’un nom
S’il traversait un jour l’esprit d’un être
Il en serait heureux quitté des soucis
Si les buveurs regardaient le sceau sur sa coupe
Ils en seraient ivres sans le sceau
Si l’on aspergeait avec la tombe d’un mort
Son âme ressusciterait son corps se réanimerait
Si à l’ombre d’un mur de sa treille on allongeait
Un malade inguérissable son mal disparaîtrait
Si l’on rapprochait de sa taverne un handicapé il marcherait
Du souvenir de son goût les muets parleraient
Si à l’Est les souffles de sa fragrance se diffusaient
A l’Ouest l’enrhumé retrouverait son odorat
Si de sa coupe la paume d’un être qui la toucherait était teinte
Il ne se serait égaré dans la nuit alors que l’astre était dans sa main
Si on en secret sur un non voyant il deviendrait voyant
De son filtre les sourds seraient entendants
Si des voyageurs se dirigeaient vers sa terre
Avec dans la caravane quelqu’un piqué le poison ne l’atteindrait
Si le magicien dessinait les lettres de son nom
Sur le front d’un fou le dessin le guérirait.
Si son nom était inscrit sur l’étendard d’une armée
Il enivrerait par en-dessous ce qui est inscrit
Il civilise les mœurs des buveurs. En serait guidé
Vers la voie de la volonté celui qui n’a pas de volonté
Devient généreux celui dont la paume n’a jamais été généreuse
Devient clément à la colère de celui qui n’a pas de clémence
(Extraits)
Traduit de l’arabe par Tahar Bekri
‘‘Diwan Ibn Al-Faredh’’, établi par Karam Al-Boustani, Dar Sader, Beyrouth.