Le 30 juin 2024, le ministère des Technologies de la communication a lancé l’appel d’offres pour l’attribution des licences 5G, et les soumissions doivent lui parvenir au plus tard, le 2 septembre 2024, à 14h00. A ce propos, j’attire l’attention des autorités sur beaucoup de points susceptibles d’aider à la réussite et à la rationalisation du déploiement de cette technologie dans notre pays.
Taoufik Halila *
Nous faisons les cinq recommandations suivantes **:
1- Actualiser la législation avant le déploiement de la 5G sur le seuil maximal d’exposition de la population au champ électrique et ce par la mise à jour de la note publiée depuis 2004 par l’Agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits (Ancsep) et qui fixe un seuil maximal de 41 volts par mètre pour les fréquences de 900 mégahertz et de 58 volts par mètre pour les fréquences de 1800 mégahertz; surtout que la 5G nécessiterait pour son déploiement un nombre important d’antennes et ce en fonction des zones de couvertures et des bandes des fréquences à octroyer.
Il est important de noter que la mise à niveau de la note indiquée pourrait accélérer et rationaliser le déploiement de cette technologie et réduire le nombre des litiges et conflits y afférents.
2- Prendre toutes les précautions nécessaires et obligatoires pour lutter contre les portes dérobées (accès illégitime aux données contenues dans un logiciel ou sur un matériel) et ce au niveau du choix de l’infrastructure et des équipements à déployer par les opérateurs télécoms afin de protéger les données de l’Etat et tout ce qui est information non publique contre les infiltrations et le piratage.
Cette action pourrait être réalisée à travers la programmation de plusieurs tests et simulations pour chaque type d’équipement et système des fournisseurs qui vont être choisis par les opérateurs télécoms pour le déploiement de la 5G et ce à travers les structures de l’Etat dans le secteur des télécommunications, à savoir le Cert, l’ANF, l’INT, l’Ansi; et suite à cela donner l’aval pour le choix des solutions répondant aux normes de sécurité requises afin de garantir les flux des données très importants qui vont être transmis à travers cette nouvelle technologie.
3- Se préparer à de nouveaux métiers qui ont déjà émergé dans quelques pays et qui vont continuer à émerger suite à la poursuite du déploiement de la 5G dans le monde et de là, mettre à niveau nos programmes de formation au secondaire et au supérieur afin que nos diplômés aient un savoir-faire sur les potentialités que va apporter cette technologie et sachent la maîtriser pour l’exploiter rationnellement dans des domaines comme la télémédecine, la justice à distance et, comme l’expérience réussie pendant la période du Covid, l’agriculture et l’industrie 4.0, qui pourrait encourager plusieurs investisseurs étrangers à s’implanter en Tunisie grâce aux performances techniques de la 5G et aux compétences de nos jeunes diplômés dans les différents domaines techniques, industriels et administratifs;
4- Profiter de la fibre optique pour le déploiement de la 5G afin de la synchroniser avec l’exploitation de la technologie FTTH (Fiber To The Home) et ce en coordination entre les opérateurs sous le pilotage du ministère des Technologies de la communication et l’Instante nationale des télécommunications (INT) et ce en imposant aux opérateurs dans toutes les régions du pays la rationalisation de déploiement du réseau 5G et du réseau FTTH à travers les techniques d’interconnexions, de mutualisation et de partage des infrastructures;
5- Inciter le gouvernement à étudier les meilleures approches à prendre à l’occasion de l’implémentation de la solution 5G pour encourager les fournisseurs de solutions et d’infrastructures qui vont être retenus pour investir en Tunisie, fabriquer localement une partie de leurs équipements et profiter du savoir-faire reconnu de nos ingénieurs dans les techniques de développement des FPGA, des systèmes embarqués et d’autres solutions dans le secteur des technologies de la communication…
Il nous reste à peine 2 semaines avant la réception des offres des opérateurs des télécoms et nous ne savons pas si nos recommandations ont été prises en considération ou non dans le cadre du cahier des charges de cet important appel d’offres; du fait qu’elles permettent de booster notre économie, d’élever le niveau de formation de nos jeunes diplômés; de créer des emplois dans l’industrie et les études techniques d’ingénierie relatives au secteur de la Data, ce qui ferait de la Tunisie une plaque tournante pour la participation dans le développement d’autres technologies comme la 6G et d’autres générations des réseaux qui vont être développées dans le monde dans le secteur des télécommunications en général et de la téléphonie mobile en particulier.
*Président de la Chambre nationale des intégrateurs des réseaux télécoms (Cnirt-Utica).
**Ces recommandations ci-dessous ont déjà été faites dans une interview publiée le 13 janvier 2021 par le journal La Presse de Tunisie, donnée en ma qualité de président de la Chambre nationale des intégrateurs des réseaux télécoms (Cnirt -Utica).