Né en 1953 à Bagdad, Muniam Alfaker (منعم الفقير) est poète, dramaturge et traducteur irakien vivant au Danemark.
Proche des milieux palestiniens, il passe par le Maroc, le Liban et la Syrie et s’installe au Danemark en 1986, où il vit.
Auteur d’une soixantaine d’ouvrages, son œuvre est couronnée de nombreuses distinctions littéraires, traduite dans plusieurs langues. Il est une figure importante du paysage littéraire danois où ses œuvres sont enseignées dans les milieux scolaires.
Tahar Bekri
Je me dirige vers
La destitution de la mort
Pour que passe la vie
Moi
Prince de Copenhague
Emporté par les brises
Du côté des roses
Elu par les papillons
Pour qui ont voté les fleurs
Nommé par le printemps
Prince des champs
Je pousserai l’Histoire
A regretter
Son passé militaire
Lui ornerai
L’amour de la course au plaisir
Pas de vie sans plaisir
Je réveillerai toutes les consciences
Les libèrerai
De l’illusion de la satisfaction
L’inviterai
A un festin de réprimandes
Je suis l’Histoire
Enrôlée dans un front
Prêtre dans un temple
Matériels de guerre
Habits d’empereur
Citadelle élevée
Où prédomine un roi
Je serai cour quand il se lève
Salle quand il s’assoit
Chambre pour son désir
Cuisine pour son appétit
Je secouerai
De l’histoire la poussière des combats
Je laverai ses deux mains du sang
Afin qu’elles deviennent
Propres valables
Pour être serrées
Je laisserai les femmes
Dans l’amour et le plaisir
Promettre
L’Histoire est apte à l’amour
Je suis l’Histoire
Mon théâtre est le terrain de la guerre
Les sabres
Les flèches
Les fusils
Les batailles
Mes accessoires
L’entrechoc des épées
Le fracas de la paix
Le gémissement des tués
Les cris des tueurs
Ma symphonie
Je suis l’Homme
Je ne vaux pas une brique
Dans le mur d’un temple
Ni une toile dans un musée
Je suis moins cher
Qu’un coup d’une arme
Ou une explosion de grenade
Mon sang
Etalé raconte une gloire
Rapidement devenue légende
Parfois je descends du singe
Parfois d’une poignée de terre
Je me mets droit en chair
Ou chair et sang
Qui ne reconnaissent
Ni terre ni eau
Ou une illusion qui plagie
Le trait de la vérité
Je sais que je suis une valeur
Qui ne vaut pas ses valeurs
Moi prince de Copenhague
Une Histoire
Où l’amour n’équivaut la guerre
Un cahier pour la déroute des baisers
La supériorité du silence
La brisure de la parole
Moi libre
Dans un monde prisonnier
Je suis le prince de Copenhague
Isolé sans isolement
Arrivant sans appel
Vivant sans vie
Sans mort je meurs
Extraits traduits de l’arabe par Tahar Bekri
‘‘Amir Copenhagen’’ (Le Prince de Copenhague), éd. Arwiqa, Le Caire, 2019. (Remerciements à l’auteur)