Benjamin Netanyahu livre Gaza aux sociétés privées de mercenaires

Alors que les yeux sont rivés sur le Liban et la prochaine réplique israélienne contre l’Iran, Benjamin Netanyahu mijote son plan pour ce qui est appelé «le jour d’après», c’est-à-dire après la fin de la guerre dont il se garde de fixer la date. Il est d’ailleurs souvent critiqué pour son absence de plan pour l’après-guerre sauf qu’il en a un mais qu’il ne révèle pas et qu’il a déjà commencé à appliquer discrètement afin de l’imposer de facto. Le pernicieux Premier ministre israélien entend livrer Gaza à des sociétés privées de mercenaires à l’instar de ce qu’ont fait les États-Unis de Bush avec Blackwater devenu depuis Academi ou la Russie de Poutine avec Wagner. (Illustration : GDC et Moti Kahana ont mené des missions pour Israël en Syrie, en Irak, au Yémen, en Afghanistan et en Ukraine. Ici au poste frontière de Siret entre la Roumanie et l’Ukraine).

Imed Bahri

L’opposition israélienne attaque depuis longtemps le gouvernement de Netanyahu pour son manque de vision et de plan d’action pour l’avenir du conflit toutefois ce que beaucoup oublient c’est que le manque de plans cohérents ne signifie pas pour Netanyahu l’absence de politique, estime Noa Landau, rédactrice en chef adjointe du journal israélien Haaretz

Elle estime dans son article intitulé ‘‘Netanyahu est en train de vendre Gaza à des milices privées’’ que le Premier ministre suit effectivement une politique claire qui se traduit par des actions sur le terrain et non par des mots et des déclarations officielles. In fine, son objectif est d’imposer la situation qu’il souhaite par le fait accompli. 

Noa Landau explique qu’au fil des années de son règne, Netanyahu a fait preuve d’une ambiguïté délibérée notamment en diffusant des messages contradictoires en hébreu et en anglais mais la réalité ne ment pas, rappelle-t-elle. Ainsi, très lentement, de grandes parties de la Cisjordanie ont été annexées de facto. C’est exactement ce qui se passe actuellement dans la bande de Gaza, selon Haaretz.

Landau explique que malgré les attaques de ses adversaires, Netanyahu met en œuvre un plan par étapes qui consiste, en un premier temps, à occuper de vastes zones de la bande de Gaza, à expulser les habitants, à détruire leurs maisons, à paver de nouvelles routes et à construire à long terme des sites militaires et autres infrastructures.

Des milices privées pour faire le sale boulot

Cette étape est actuellement mise en œuvre en faisant progresser un plan visant à transférer le contrôle civil de Gaza à des entreprises privées en particulier à des entités locales ayant une expérience administrative non liée à des pays ou à des organisations soutenant le terrorisme, et Israël paiera pour cela.

Vient ensuite le transfert de la responsabilité de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza à l’armée israélienne. Noa Landau révèle qu’une décision est en train de prendre forme pour nommer une société privée israélo-américaine pour prendre en charge cette tâche, l’armée s’étant abstenue de l’entreprendre.

Il semblerait que la société candidate dont le nom est relayé s’appelle GDC, une entreprise militaire du type de celles qui ont travaillé en Irak et en Afghanistan pendant l’occupation américaine des deux pays.

Selon Haaretz, de nombreuses études menées au fil des années ont montré que  cette stratégie comporte de grands risques. Les entités chargées de ce type de travail sont des sociétés mercenaires et de nombreuses questions se posent quant à l’étendue de leur engagement envers le droit et les normes internationaux.

Landau estime que cela conduirait essentiellement à la privatisation du pouvoir militaire à Gaza en le confiant à des sociétés privées ayant des intérêts financiers particuliers et rien d’autre. L’objectif est de transférer la responsabilité morale et juridique d’Israël vers ces milices armées.

Le fondateur et PDG de la société, Moti Kahana a déclaré ce mardi dans une interview accordée au journal Yedioth Ahronoth: «Si quelque chose arrive, nous enverrons un message aux habitants de Gaza pour qu’ils ne nous embêtent pas». Cet avertissement sera, selon lui, semblable à celui émis par les gangs mafieux.

Empêcher l’Autorité palestinienne de prendre pied à Gaza

L’objectif d’Israël à travers tout cela est d’empêcher l’Autorité palestinienne de prendre pied dans la bande de Gaza et donc de continuer l’affaiblir conformément à la politique suivie par Netanyahu et son parti, le Likoud, tout au long de leur règne, affirme Landau, qui souligne que le plan actuel donne aux entreprises privées les clés du contrôle civil sur la bande de Gaza la transformant ainsi en un autre Irak ce qui sera une tragédie pour des générations. 

Conclusion : le plan d’après-guerre de Netanyahu pour la bande de Gaza consiste en une occupation militaire, des mercenaires et des colonies. Et c’est là une recette certaine pour d’autres désastres à venir.

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