Ouanès Amor, peintre franco-tunisien peu connu dans son pays natal, nous a quittés le 25 décembre 2024 dans la ville du Mans. Peintre des textures de couleurs vives, lumineuses, avec un brin de nostalgie d’une lumière qu’il cherchait à retrouver, celle de son Kerkennah natal. Vidéo.
Tahar Bekri
Originaire des îles Kerkennah, où il est né en 1936, Ouanes Amor, dit Amor est arrivé en France à l’âge de 17 ans. Petit foulard au cou, lunettes, tenue d’artiste bien mise, jovial, chaleureux, fut assistant du peintre et professeur Singier à l’Ecole nationale supérieure des beaux arts, à Paris, pour y devenir lui-même professeur.
Peintre avant tout, je le voyais au Café La Charette, Rue des Beaux Arts, en compagnie du peintre et professeur, Jacques Lagrange, à la fin des années soixante-dix, au début des années quatre-vingts.
Un petit accent en parlant tunisien qu’il a gardé en mémoire, festif, courant les vernissages, le regard critique et vigilant.
La création nous a rapprochés peu à peu, je l’avais souvent au téléphone, m’interpellant sur la réalité de la création en Tunisie qu’il voulait suivre, m’invitant à aller lui rendre visite dans son atelier. Il avait acheté un vieux Café-brasserie qu’il a transformé en atelier, original, avec comptoir, comme il se doit.
Peindre des textures de couleurs vives, lumineuses, avec un brin de nostalgie d’une lumière qu’il cherchait à retrouver. Le langage multiplié, répété, sans lassitude, s’installant dans la modernité, son Orient est là, coup de pinceau marqué par la beauté du signe, tapissé, de fil en fil, entremêlé, enchevêtré, dans la liberté disciplinée.
Ces dernières années, Amor rentrait à Kerkennah, et me racontait au téléphone son bien-être, heureux de retrouver la lumière, les paysages simples du sud, les goûts de nourriture, ses retrouvailles avec l’appartenance aux siens, se promettait de revenir autant que possible, c’est nécessaire pour ma peinture, disait-il.
Non, il ne se sentait pas en exil, bien entouré par les siens, Colette Bisson-Amor, artiste-peintre, son épouse, Naïm son fils. Sa fille, Cécile.
Je ne sais si quelques unes de ses toiles font partie des acquisitions nationales, il y tenait. La Tunisie se trouve chez qui l’habite, bien sûr, mais aussi chez ceux et celles qu’elle habite, où qu’ils se trouvent.
Adieu l’ami. Paix à ton âme. Que tes couleurs restent vives et vivantes.
* Poète tunisien résidant en France.
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