‘‘Pleasure’’ est un film suédois de Ninja Thyberg, sorti en 2021, qui nous dessille les yeux sur le côté sordide, impitoyable et violent de l’industrie de la pornographie.
Mohamed Sadok Lejri *
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Au début, J’étais attiré par le sujet du film pour de mauvaises raisons. J’ai cru que j’allais voir un film lubrique et me contenter de quelques scènes cochonnes, mais j’ai découvert un film dur et profond (sans mauvais jeu de mots). Le film ne contient pas de scènes explicites comme on pourrait le supposer, il est dépourvu d’érotisme et de voyeurisme, mais rend compte des préparatifs des tournages X.
Ce film raconte l’histoire d’une jeune femme de 19 ans qui quitte sa Suède natale pour percer dans le porno californien.
Bella Cherry est ambitieuse, prête à tout pour réussir et devenir une star du porno. Elle découvre petit à petit l’envers du décor de ce milieu, notamment la violence sexuelle que l’industrie impose.
Regard sans complaisance sur un milieu très particulier
‘‘Pleasure’’ est l’œuvre d’une réalisatrice suédoise qui produit une réalité authentique et soigneusement expurgée de toute retenue. Elle livre au public un regard très réaliste et sans complaisance sur ce milieu très particulier. Les coulisses de cette industrie sont montrées avec une précision et une subtilité dont la conjugaison dissuade toute envie d’approcher cet univers fondé sur la transgression sadique.
Ninja Thyberg fait passer un message à charge contre la vénalité, la misogynie et la toxicité du milieu du hard, malgré les apparences de bienveillance et de liberté, et ce, en dépeignant ses mœurs et sans jamais verser dans le discours victimaire et le manichéisme primaire – avec les actrices victimes d’un côté et les méchants pornographes de l’autre –. Ainsi, elle ne succombe pas à la facilité et à la médiocrité en proposant une œuvre moralisatrice.
D’ailleurs, malgré son côté candide et bon enfant, Bella Cherry n’est pas présentée comme une victime innocente. Bien au contraire, prête pour une irrésistible ascension, mettant toutes les chances de son côté, la jeune Suédoise navigue avec audace et détermination au sein d’un milieu dont la perversité est naturelle, un milieu implacablement dominé par la surenchère et la logique mercantiliste au détriment de l’éthique et de la dignité humaine.
Une plongée sans fard dans la réalité sordide
Ninja Thynberg impose, tantôt en force, tantôt en subtilité, avec un talent indéniable, sa réflexion sur le monde du porno et ses dérives. Elle montre l’ambiguïté d’une industrie qui repose sur une logique capitaliste et nous propose une plongée sans fard dans la réalité sordide qui se cache derrière ces images pornos dont des millions et des millions de jeunes et moins jeunes des quatre coins du monde sont si friands.
Ninja Thyberg montre dans ce film que les actrices du X ont beau être courageuses, voire un peu téméraires sur les bords, elles se trouvent tôt ou tard confrontées à des choix difficiles et à leurs propres limites. C’est vraiment une immersion dans un milieu qui suscite une certaine fascination chez les gens, étant donné que l’industrie en question repose sur le tabou suprême, en l’occurrence le sexe, et que tout un mythe s’est créé autour d’elle.
A mon humble avis, l’on ne peut rester insensible à un film pareil, a fortiori quand on est une femme. ‘‘Pleasure’’ est un film dur. C’est un long-métrage qui parle de porno et qui, en même temps, s’adresse à un public plutôt cultivé et cinéphile.
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