Prix Mahmoud Darwich à Sghaier Ouled Ahmed │ Hommage à la poésie engagée

Le vendredi 13 juin 2025 à la libraire Al-Kitab, le Prix Mahmoud Darwich pour la création poétique et littéraire sera décerné cette année au poète tunisien Sghaier Ouled Ahmed, une cérémonie dédiée à la célébration de la poésie arabe contemporaine.

Amel Fargi *

Cet événement culturel majeur se tiendra en présence de personnalités littéraires, d’intellectuels et d’admirateurs de l’œuvre du lauréat, qui viendront honorer un artiste dont les vers résonnent avec force et humanité. 

Créé à la mémoire du légendaire poète palestinien Mahmoud Darwich, ce prix, lancé par un groupe d’intellectuels et d’universitaires avec le soutien d’institutions académiques dont le Centre des arts Ksar Said, la chaire Ibn Khaldoun (Icesco) et la Faculté des Lettres de Manouba, récompense chaque session une ou plusieurs figures de la littérature arabe et internationale dont l’œuvre incarne les valeurs d’engagement, de résistance et d’innovation poétique, littéraire ou artistique.

Pour cette première session, le jury a décidé de célébrer à titre posthume le poète populaire   Sghaier Ouled Ahmed, connu pour son écriture profonde, mêlant lyrisme et critique politique et sociale, dans la droite lignée de l’esprit du célèbre poète palestinien. 

Une voix tunisienne à portée universelle

Originaire de Sidi Bouzid, dans le centre du pays, où éclata en 2011 la Révolution Tunisienne, Ouled Ahmed est l’auteur de plusieurs recueils primés (1). Certains de ses poèmes, devenus emblématiques, comme ‘‘Les femmes de mon pays’’, ou ‘‘Mon Dieu aide moi’’, sont mis en Musique et chantés en Tunisie et dans le monde arabe.

Son œuvre, ancrée dans les réalités tunisiennes tout en dialoguant avec les grandes questions humaines, explore les thèmes de la résistance, de la liberté de conscience et de la quête de liberté. 

De son vivant, le poète avait souvent rendu hommage à Mahmoud Darwich, une si vieille amitié entre deux géants de la poésie que le jury a subtilement voulu mettre en exergue, «une amitié qui sublime la mort et défie le temps», souligne le jury(2).

Ce prix, à forte symbolique souligne, également, le rôle de la poésie comme une lumière contre l’obscurantisme et comme arme pour la libération des peuples, à commencer par les Palestiniens. 

Sous le signe de la fraternité poétique

La cérémonie sera ponctuée de lectures de poèmes de Darwich et d’Ouled Ahmed, interprétés par l’artiste musicienne Aida Niati, qui va ainsi créer une passerelle entre la Palestine et la Tunisie à travers les mots, les sons et les rythmes.

Des hommages seront également rendus à la riche tradition littéraire arabe, toujours vivante et nécessaire. 

Enfin, la remise du prix à la famille du poète disparu en présence de sa femme Zouhour et de sa fille Kalimet.

Ce prix consacre une nouvelle fois la Tunisie comme terre de poésie et de résistance culturelle, et offre à Sghaier Ouled Ahmed une visibilité internationale méritée. Il rejoint désormais le panthéon des grandes voix honorées par des prix analogues, aux côtés de figures comme, Adonis, Samih Al-Qasim et autres. 

* Universitaire, femme de théâtre.

Notes :  

1- Cantiques des six jours, éd. Demeter, Tunis, 1988, Je n’ai pas de problème, éd. Cérès, Tunis, 1989, Details (prose), éd. Bayram, Tunis, 1989, Le Sud de l’eau, éd. Cérès, Tunis, 1991, Testament, éd. Manshurât Aouled Ahmed, Tunis, 2002, États de route (poésie), 2013, Conduite poétique de la révolution tunisienne (prose), 2013.

2- Le jury est constitué de trois éminents historiens et gens de lettres : Latifa Lakhdar, historienne et ancienne ministre de la Culture en Tunisie, Abdelhamid Larguèche, Historien et ancien membre du comité du patrimoine mondial auprès de l’Unesco, et Faouzi Mahfoudh, ancien directeur de l’Institut national du patrimoine et président de la Chaire Ibn Khaldoun.

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