Pour un changement radical du système de gestion des déchets en Tunisie

Dans un communiqué publié à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée le 5 juin 2025, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a dénoncé l’échec des politiques environnementales nationales, soulignant que les programmes mis en œuvre depuis les années 1990 ont conduit à une mise en décharge sauvage généralisée des déchets.

«La Tunisie ne compte que 13 décharges contrôlées, dont quatre sont fermées, pour une capacité totale de 1,8 million de tonnes, contre 3 200 décharges illégales. Les déchets ménagers annuels atteignent 3,3 millions de tonnes, dont seulement 4% sont recyclés», indique le communiqué. «Cela a entraîné une grave dégradation de l’environnement, notamment dans le Grand Tunis (qui génère 13% des déchets nationaux, soit près de 1 kg par habitant et par jour), suivi par des villes comme Sfax (plus de 247 000 tonnes) et Nabeul (257 000 tonnes).»

Face à cette situation, le FTDES appelle à l’accélération de la révision du code de l’environnement et à une réforme radicale des systèmes de gestion des déchets en Tunisie, affirmant que les approches traditionnelles se sont avérées inadéquates.

Dans son communiqué, le Forum soutient la thèse de la valorisation des déchets par une approche économique et de développement axée sur des projets de recyclage qui prolongent la durée de vie des produits et réduisent le volume des déchets.

Soulignant que le droit à un environnement sain est à la fois un droit humain et une obligation constitutionnelle, le FTDES insiste sur la nécessité de réformes des politiques environnementales fondées sur la responsabilité partagée et intégrant les dimensions économiques, sociales et environnementales.

Le forum appelle également à une application plus rigoureuse des lois environnementales par les entreprises industrielles, notamment l’obligation de se conformer à la loi n° 35-2018 relative à la responsabilité sociale des entreprises.

En décrivant la situation, le Forum a souligné comment la dépendance de la Tunisie aux industries extractives (phosphates, pétrole, etc.) a intensifié la pollution industrielle à Gabès, dans les bassins miniers et dans le golfe de Monastir, exacerbée par une application défaillante de la loi. Seuls 61,9 % des ménages sont raccordés au réseau d’assainissement, laissant 4,5 millions de Tunisiens sans système d’évacuation des eaux usées adéquat, ce qui alimente la pollution, notamment en milieu rural.

Le FTDES a établi un lien entre la dégradation de l’environnement et la détérioration de la santé publique, citant des données de l’OMS qui attribuent 6 000 décès par an à la pollution atmosphérique due aux particules fines industrielles.

La pollution entraîne également près de 500 millions de dinars par an en coûts de santé pour les maladies associées. La pollution de l’eau et des sols a réduit la production agricole de 15 % au cours de la dernière décennie.

Le Forum a également dénoncé la mauvaise gestion des déchets médicaux, qui «constitue une crise supplémentaire», avec 18 000 tonnes par an (dont 8 000 tonnes de déchets toxiques). «Alors que l’usine d’élimination des déchets dangereux de Jradou reste fermée, les sept entreprises responsables de l’élimination des déchets médicaux continuent de déverser 12 000 tonnes de déchets dangereux non traités dans des sites illégaux, sans aucun tri ni neutralisation», indique le communiqué.

Sans réformes systémiques, conclut le FTDES, la crise environnementale et sanitaire en Tunisie s’aggravera, nécessitant une action urgente pour aligner les politiques sur les objectifs de développement durable.

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