Tunisie | Le CRLDHT dénonce «une véritable machine à détruire les associations»

Dans un communiqué publié le 27 octobre 2025 à propos des décisions de suspension d’activité frappant deux importantes organisations, le Centre pour le respect des libertés et des droits de l’homme (CRLDHT) dénonce ce qu’il appelle «une véritable machine à détruire les associations», et y voit une «violation flagrante de l’article 37 de la Constitution de 2022 qui garantit la liberté d’association ainsi que du principe de proportionnalité consacré par le droit tunisien et les conventions internationales.»

Les deux organisations dont les activités ont été suspendues par les autorités pour une durée d’un mois sont l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES)  

«Sous couvert de ‘‘transparence’’ et de ‘‘contrôle des financements’’, les autorités multiplient les suspensions administratives arbitraires», note le CRLDHT qui indique que la décision de suspension d’activité a été signifié au FTDES, le 20 octobre 2025, «alors même que l’association concernée a fourni tous les documents exigés par l’administration» , notamment ceux relatifs à son financement.  

Tout en dénonçant «une violation manifeste du droit, un abus d’autorité et une atteinte grave à la liberté d’association», le CRLDHT déplore «une campagne agressive de dénigrement contre les associations recevant des soutiens des bailleurs de fonds étrangers», menée par les autorités depuis des mois. Or, explique encore le CRLDHT, «le financement étranger est explicitement autorisé par le décret-loi de 2011, sous réserve d’une simple déclaration à l’administration. Il ne constitue ni une infraction, ni une atteinte à la souveraineté nationale. Les associations qui reçoivent ces fonds agissent dans la transparence, selon des mécanismes de suivi et d’audit documentés.»

«Depuis plus d’une décennie, le FTDES documente les fractures sociales, la crise environnementale, la détresse des marginalisés.  Il travaille sur les dimensions de la souffrance sociale, statistiques et chiffres à l’appui et donne voix aux invisibles», rappelle le CRLDHT, qui appelle à «la levée immédiate de toutes les suspensions administratives arbitraires et à la fin de la campagne de stigmatisation visant les associations indépendantes», tout en demandant au Tribunal administratif de faire respecter le droit et de rappeler que la liberté d’association ne se suspend pas par décret.

L.B.

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