Né à Alger en 1943, Eric Sarner est poète, écrivain, journaliste, documentariste. Il partage sa vie entre Berlin, Montevideo (Uruguay) et Paris. Publie depuis 1971.
Toujours sur le point du départ, il écrit la culture du voyage, de l’identité en quête permanente, des échanges, de la mobilité, à l’affût de la rencontre fraternelle, son œuvre, importante, est couronnée de nombreuses distinctions.
Sugar et autres poèmes, poésie/Gallimard, 2021; Cœur chronique, Ed. Castor Astral, 2013.
Tahar Bekri
à Elias Sanbar et à son peuple
La nuit est descendue ou presque,
Les nuages maintenant invisibles ou presque.
Tout de suite le temps projette
Une cohue de couleurs et brumaille.
Dès que possible il faudra faire silence.
Quelque chose d’exigeant, mais qui viendra sans effort.
Il s’agit de s’arrêter toujours
Avant d’entrer dans le poème.
Comme on touche un talisman avant la bataille,
Comme on peut lever les yeux avant d’oser,
Comme quelqu’un dans l’illusion
De mourir à la conscience lorsqu’il s’en va dormir,
Comme le jour disparaît derrière l’arbre,
À cet instant.
La campagne s’efface pour la seule raison
Qu’elle reparaîtra bientôt.
On pourrait croire que tout est simple,
Si simples les choses
Alors que nul n’a encore cherché
À les cacher, même derrière leur ombre.
Quand sommes-nous donc ?
Entre jamais et nulle part suspendus.
2
Dans ce lieu où après le premier silence
Le tonnerre va rouler. C’est le destin quand il gronde,
Dans ces parages où l’eau fouette les eaux
Comme bêtes féroces,
Là où nous avons peur,
Comme chaque fois que nous avons peur
Pour de vrai.
A sinistra la morte.
A destra la morte.
Nous partirons devant.
***
(Remerciements à l’auteur)
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