Dans son poste Facebook que nous reproduisons ci-dessous, Ramla Dahmani évoque la souffrance de sa sœur Sonia Dahmani, avocate et analyste politique incarcérée depuis le 11 mai dernier dans des conditions jugées très difficiles suite à des déclarations politiques faites dans les médias.
«Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit. Mais que dire quand on t’a tout arraché? Quand l’espoir te glisse entre les doigts, quand la liberté de ta sœur est confisquée, quand chaque lueur de jours meilleurs se dissipe? Que dire quand tu n’as plus rien de bon à offrir à tes parents, rien à leur apprendre qui puisse apaiser leurs souffrances?
«Chaque jour, je vois ma sœur se faire dépouiller de ses droits les plus élémentaires. Chaque jour, elle est traitée plus durement, humiliée un peu plus. Elle endure des conditions inimaginables. Je sais qu’elle survit dans un enfer où même l’électricité manque, rendant inutilisables les provisions que nous lui apportons. Elle est forcée de dormir à même le sol, cherchant un souffle de fraîcheur, car les lits de cette prison ne sont rien de plus que des cercueils où il est impossible de s’asseoir, de s’appuyer, de trouver un peu de réconfort.
«Que dire quand chaque journée ressemble à la précédente, un cycle interminable de douleur et de désespoir? Que dire quand tu n’as personne à qui confier tes pensées, personne avec qui échanger tes angoisses, si ce n’est Dieu et tes prières silencieuses?
«Le 20 août, il y aura le procès en appel de Sonia. Alors malgré tout, on espère. Contre toute logique, on espère qu’ils retrouveront un semblant de raison, qu’ils la laisseront enfin partir. On espère que les gens se mobiliseront, qu’ils élèveront la voix pour réclamer la liberté de Sonia. On espère un miracle.
«Moi, j’espère, et je serai là. Encore une fois, je me battrai pour elle. Encore une fois, je tenterai de lui effleurer la main, même si les policiers si zélés feront tout pour nous en empêcher. Encore une fois, je lui crierai que je suis fière d’elle. Et encore une fois, je prierai pour qu’un juge retrouve la raison, pour que ma sœur retrouve enfin sa liberté.
«Dans ce désert d’espoir, il ne me reste que ces prières, cette détermination à ne jamais abandonner. Parce que tant qu’il y a un souffle, tant qu’il y a une voix, il y a encore une chance de voir l’aube d’un jour nouveau.»