«Il ne reste plus aux prisonniers politiques et d’opinion en Tunisie que le sacrifice de leurs corps», a titré le CRLDHT le communiqué ci-dessous publié samedi 18 janvier 2025 et où il appelle à la libération de la présidente du Parti destourien libre et de tous les prisonniers politiques et d’opinion.
Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) a été informé que Mme Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, a entamé une grève de la faim sauvage le 17 janvier 2025. Par cet acte, elle proteste une nouvelle fois contre les restrictions croissantes dont elle est victime et les graves atteintes à ses droits fondamentaux, en particulier la violation de son droit à communiquer librement avec son avocat. Ce droit, essentiel pour tout détenu, est garanti par la législation tunisienne ainsi que par les traités internationaux. Il convient de rappeler que Mme Moussi avait déjà entamé une grève de la faim le 28 novembre 2023. Toutefois, la détérioration rapide de son état de santé l’avait contrainte à y mettre fin.
Rappelons que Mme Abir Moussi a été arrêtée le 3 octobre 2023 devant le bureau d’ordre de la présidence de la République à Carthage, alors qu’elle tentait de déposer un recours contestant plusieurs décrets présidentiels. Elle fait face à de graves accusations, notamment «incitation à l’émeute sur le territoire tunisien», «agression dans le but de provoquer le désordre» (en vertu de l’article 72 du Code pénal) «traitement de données personnelles sans autorisation» et «entrave au bon déroulement du travail». Ces charges, qui pourraient entraîner la peine de mort, illustrent la répression exercée contre l’exercice des droits fondamentaux tels que la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Le 5 août 2024, Mme Abir Moussi a été condamnée à deux ans d’emprisonnement par le Tribunal de Première Instance de Tunis, sur la base du sinistre décret-loi n°54, à la suite d’une plainte déposée par l’Instance électorale. Cette condamnation arbitraire vise ses critiques du processus électoral, une expression qui relève pourtant de son droit légitime à la liberté d’expression.
De nombreux prisonniers d’opinion en Tunisie – politiciens, défenseurs des droits humains et journalistes – ont auparavant mené des grèves de la faim pour dénoncer les injustices qu’ils subissent en détention. Ces injustices vont bien au-delà de la violation du droit à un procès équitable et de l’invention d’accusations graves. Elles incluent également le non-respect de la détention provisoire, des peines de prison excessives, des traitements cruels, le refus de soins médicaux et des conditions de détention inhumaines. Le dernier exemple en date est celui de Mme Sihem Ben Sedrine, militante des droits humains et présidente de l’Instance Vérité et Dignité, qui a entamé une grève de la faim le 14 janvier 2025, à l’occasion de l’anniversaire de la révolution tunisienne, en raison des injustices qu’elle subit.
Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie, ayant déjà exprimé son soutien à Mme Sihem Ben Sedrine et à tous les prisonniers d’opinion en Tunisie, déclare également sa solidarité absolue avec Mme Abir Moussi et exige sa libération immédiate. Le Comité tient le président Kaïs Saïed, la ministre de la Justice, les juges soumis au pouvoir et les autorités pénitentiaires pour responsables de toutes les complications pouvant survenir.
Enfin, le Comité appelle toutes les forces politiques et les acteurs des droits humains en Tunisie à faire preuve de solidarité et à unir leurs efforts pour faire pression en vue de la libération de tous les prisonniers d’opinion, pour mettre fin à l’injustice et pour atteindre la justice à laquelle aspirent les Tunisiens.
Communiqué.
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