‘‘Les larmes de Jimmy’’ | Regard d’un Français sur une Algérie intime  

Marcus Hönig part de Marseille sans savoir ce qu’il va trouver. Et ce qu’il découvre en Algérie dépasse toutes ses attentes : des visages, des voix, des gestes et des paysages qui bouleversent son regard sur le pays, et sur lui-même. ‘‘Les larmes de Jimmy’’ n’est pas seulement un carnet de voyage, c’est une immersion dans l’âme d’une nation, vue par un Français prêt à se laisser traverser.

«Traverser l’Algérie ? C’est l’Algérie qui va te traverser.» Sarah, rencontrée sur le pont du navire Méditerranée, formule cette phrase comme une prophétie. À 50 ans, Marcus Hönig n’a jamais imaginé qu’un voyage puisse l’emporter autant, à la fois physiquement et intérieurement. Son récit, publié le 1er mai 2025 chez Books On Demand, commence dans la surprise et l’étonnement : à Briançon, un jeune bénévole évoque des réfugiés venus d’Algérie. Comment un Algérien pourrait-il quitter son pays ? Hönig réalise alors qu’il ne sait presque rien de l’Algérie contemporaine, et décide d’y aller pour apprendre.

Le bateau devient un monde en miniature. Il y découvre des familles qui dorment à même le sol, des prières qui s’élèvent dans la nuit, des rires et des échanges improvisés. Mohamed, rencontré sur le navire, lui confie : «Si quelque part au monde tu ne trouves pas quelque chose, cette chose se trouve en Algérie.» Chaque rencontre est une petite révélation, chaque geste, chaque parole, une pièce du puzzle algérien.

À Alger, Béjaïa et Tigzirt, Hönig se laisse traverser. Il apprend quelques mots d’arabe, observe, écoute, note. Les paysages, la chaleur, la lumière, la vie quotidienne se mêlent à ses impressions personnelles, à ses doutes et à sa curiosité. Il ne juge pas ; il restitue, avec une humilité rare, les voix et les histoires que la société algérienne n’a parfois personne pour raconter.

Le récit est sensoriel et intime. Le lecteur sent le vent sur le bateau, la vibration du moteur, la chaleur écrasante du désert, les parfums, les voix, les éclats de rire. Hönig ne cherche pas à imposer son regard, il se fait récepteur, témoin et passeur de ces instants précieux.

‘‘Les larmes de Jimmy’’ est donc bien plus qu’un carnet de voyage. C’est un geste de partage et d’écoute, une tentative de tendre une main entre les deux rives de la Méditerranée. C’est aussi une leçon d’humilité : parfois, traverser un pays, ce n’est pas seulement marcher sur ses terres, c’est se laisser traverser par ses habitants, sa lumière, ses ombres et sa vérité.

Djamal Guettala 

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