En réaction à la déclaration du président de la république, Kaïs Saïed, lors de sa rencontre avant-hier, mercredi 10 août 2022, au palais de Carthage, avec Taoufik Charfeddine, le ministre de l’Intérieur, et son appel à l’union des syndicats de sécurité en une seule structure élue dont rôle se limiterait aux aspects sociaux, le Syndicat des forces de sécurité intérieure a publié une déclaration ferme qui pourrait être considérée comme un défi chef de l’Etat.
Dans cette déclaration rendue publique jeudi 11 août et rapportée par Acharaa Al-Magharibi, écrite en dialecte tunisien, comme pour narguer le président de la république qui parle toujours dans une arabe littéraire pompeuse et grandiloquente, ledit Syndicat a estimé que Saïed n’a ni le statut ni le droit lui permettant d’appeler à l’unification des syndicats de sécurité ou de leur imposer ses diktats.
Le syndicat a déclaré que l’objectif de l’appel de Saïed était de «mettre les syndicats à genoux en les incluant dans une seule structure et en en faisant un syndicat administratif par excellence contrôlé par l’autorité», soulignant son rejet de cet appel, en affirmant : «Nous voulons être des personnes libres, nous n’acceptons pas les limitations d’aucune autorité appelant à l’unification des syndicats.»
Défi à l’autorité suprême incarnée par un président qui accapare les pouvoirs exécutif et législatif et cherche à contrôler, outre l’armée et la police, les pouvoirs judiciaire et médiatique ?
Pas seulement, il s’agit là d’un acte d’insubordination qui prouve, s’il en est besoin, qu’on peut accaparer, formellement, tous les pouvoirs, en promulguant des textes de lois en veux tu en voilà, mais pour exercer réellement ces pouvoirs, il en faut plus, à savoir un leadership naturel, une autorité réelle, du charisme personnel et de la crédibilité que vous reconnaissent tous vos administrés, y compris vos opposants.
La victime collatérale de cet affront fait au président Saïed est, on le devine, son puissant ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, qu’il prépare au poste de chef de gouvernement et qui a prouvé, par la mauvaise gestion de l’affaire Lotfi Abdelli et des polémiques qu’elle a suscitées, qu’il ne tient pas réellement ses troupes.
I. B.
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