Depuis ses débuts dans le Bronx dans les années 1970, la musique hip-hop et rap a exercé une influence majeure aux États-Unis et a été utilisée à maintes reprises comme représentation musicale des sentiments et des expériences du peuple.
Dans les années 1980, des groupes de Gangsta Rap comme N.W.A ont aidé à lutter contre la brutalité policière, et ont servi de moyen d’expression pour les personnes qui luttaient pour survivre dans les rues difficiles de Compton, en Californie. Il existe une pléthore d’autres exemples éparpillés dans l’histoire américaine, mais qu’en est-il dans d’autres endroits du monde ?
Pourquoi les rappeurs ont désormais un rôle à jouer tant sur l’éducation des générations futures que sur le nombre de vues d’une vidéo sur YouTube ou sur les recettes des meilleurs casinos en ligne de 2022 ? Quelle est l’influence du rap au Maghreb et particulièrement en Tunisie ?
La révolution tunisienne et le printemps arabe
Pour comprendre l’histoire du rap en Tunisie, il faut remonter aux origines de la révolution tunisienne et du printemps arabe. En décembre 2010, une série d’émeutes, de conflits civils et de protestations éclatent à travers le monde arabe.
Tout commence avec l’arrivée du président Zine el-Abidine Ben Ali en 1987. Si pendant de nombreuses années la Tunisie était considérée comme un pays stable, au cœur du pays, toute activité rebelle pouvait engendrer des conséquences lourdes telles que la prison. En 2010, le taux de chômage explose, le pays connait une inflation considérable, la corruption politique est à son comble et le manque de libertés se fait sentir. Le 28 novembre de cette même année, WikiLeaks publie des documents confidentiels contenant des informations détaillées sur la répression et la corruption du régime tunisien. Un mois plus tard, la colère tunisienne gronde. La révolution commence. Le 14 janvier 2011, le peuple tunisien renverse le gouvernement.
Weld El 15
Souvent, quand un pays ou une ville entre en état de lutte, la musique surgit comme un moyen d’expression créatif et de rébellion. En Tunisie, le rappeur Weld El 15 incarne parfaitement cette image. Son histoire a provoqué une croissance extrême de la musique rap dans le pays.
Tout commence en mars 2013, alors que Weld El 15 met en ligne son célèbre clip «Boulicia Kleb», traduit littéralement par «Les flics sont des chiens». La chanson insulte les officiers de police et les accuse de violences non justifiées. Le clip devient viral en quelques jours. Un mois plus tard, Weld El 15 est arrêté et condamné à 2 ans de prison pour « atteinte à la moralité publique et incitation à la violence contre la police ». Il ne purgera que six semaines en raison de son appel et des réactions très virulentes de ses concitoyens tunisiens principalement sur les réseaux sociaux.
Quelques mois plus tard, lors de sa prestation au festival de musique de Hammamet, il est de nouveau arrêté avec son ami rappeur Klay BBJ pour avoir de nouveau insulté la police. Si les deux rappeurs ont finalement été relâchés, l’histoire de Weld El 15 n’a pas découragé les artistes de la scène rap tunisienne. Au contraire, le rap tunisien connaît depuis un succès fulgurant, de nombreux nouveaux rappeurs ont vu le jour, au point que la Tunisie est devenue l’un des plus grands berceaux de ce style musical à travers le monde.
Autres artistes
Grâce à Internet et aux réseaux sociaux, des rappeurs inconnus ont réussi à se faire connaître et à partager leur talent musical. On pense notamment au rappeur Balti qui apporte aujourd’hui sa contribution à l’indignation sociale face à la marginalisation, la pauvreté ou encore la difficulté à trouver du travail.
Loin des atteintes au gouvernement, le rap tunisien bat son plein, pour le plus grand bonheur de ses fans. Beaucoup de nouveaux venus frappent à la porte et la scène s’enrichit, grâce notamment au web, les artistes utilisant avec beaucoup de bonheur Youtub, Instagram et Tik-Tok pour diffuser leurs travaux qui rencontrent un public grandissant et se diversifiant, touchant de nouvelles catégories sociales, en dehors de la jeunesse citadine.
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