Au lieu de trouver des solutions aux problèmes qui empoisonnent le quotidien des citoyens et handicapent les activités économiques, les membres du gouvernement continuent de tirer des plans sur la comète avec des stratégies et des études qui coûtent de l’argent avant de se retrouver dans les tiroirs de ces chers directeurs généraux dont regorge l’administration publique tunisienne, prolifique, coûteuse et inefficace.
Par Imed Bahri
C’est le cas du programme qualifié d’«ambitieux» visant à renforcer la compétitivité et la performance du système de transport maritime qui vient d’être élaboré dans le cadre de (tenez-vous bien !) la Vision stratégique des transports et de la logistique à l’horizon 2040.
Ce programme a été présenté lundi 6 février 2023 par le ministre des Transports Rabii Majidi à l’ouverture d’un atelier à Tunis sur le thème : «La résilience des ports et la qualité des infrastructures».
Pour la «résilience des ports», nous sommes largement édifiés par l’impuissance où se trouve aujourd’hui l’Etat face aux dysfonctionnements du port de Radès, le poumon de l’économie nationale devenu un véritable frein au développement du pays. Et pour la «qualité des infrastructures», les usagers qui s’en plaignent au quotidien dans toutes les régions du pays, vous en parleront volontiers.
Le programme vise à moderniser et mettre à niveau les infrastructures portuaires afin de faire de la Tunisie «un corridor économique efficace et conforme aux normes HSSE (Santé, Sûreté, Sécurité et Environnement)» et un «centre d’investissement attractif», a ajouté le ministre, décidément très ambitieux et, surtout, rêveur, et qui gagnerait sans doute à redescendre sur terre.
Améliorer le secteur du transport, dit-il
S’exprimant lors de cet atelier organisé par l’association MEDports, le ministre a aussi indiqué que ledit programme comprend la réforme et la réhabilitation des ports ainsi que l’amélioration de leurs performances et de leurs services, rappelant à cet égard que 98% du commerce extérieur de la Tunisie s’effectue par voie maritime, à travers les 7 ports de commerce.
L’objectif est également de développer et d’améliorer encore le secteur du transport et de la logistique, qui regroupe près de 560 entreprises exerçant les métiers maritimes et portuaires, ainsi que les transitaires, et qui fournit près de 6 000 emplois directs.
Ce programme, a-t-il expliqué, vise à donner la priorité aux mécanismes alternatifs dans la mise en œuvre des programmes d’investissement, y compris les partenariats public-privé et les partenariats stratégiques avec les grandes entreprises mondiales dans ce domaine.
Rabii Majidi a indiqué que ce programme vise également à améliorer l’efficacité énergétique du secteur du transport maritime, mettre en place des transports verts, rationaliser la gouvernance et mettre à jour le cadre légal et réglementaire organisant les différentes activités de transport et de logistique, afin de se conformer aux évolutions enregistrées sur le niveau international.
Vétusté, délabrement et mauvaise gouvernance
Voilà pour la langue de bois officielle, soporifique à souhait et à laquelle plus personne dans le pays ne croit. Mais quand on sait l’état de délabrement des équipements des grandes sociétés de transport public, presque toutes au bord de la faillite (Tunisair, SNCFT, Transtu et autres sociétés régionales) ainsi que la vétusté et la mauvaise gouvernance des ports, maritimes et aériens, qui handicapent les activités économiques, on est en droit de demander à M. Majidi et aux centaines de directeurs dont regorge son département de s’occuper d’abord de ce qui ne marche pas aujourd’hui et de lui trouver de solutions immédiates, au lieu d’échafauder des plans qu’il ne pourront sans doute pas mettre en œuvre, et qui resteront dans les cartons, comme des tonnes d’autres plans, stratégies et projets dont on entend souvent parler dans les médias mais qui ne voient jamais le jour.
On aurait souhaité voir le ministre et ses équipes se concentrer sur un ou deux problèmes urgents et mettre les bouchées doubles pour les solutionner dans les plus courts délais. Cela rendrait beaucoup service aux citoyens et rétablirait la confiance entre l’administration et le public. Et, surtout, donnerait du crédit à un gouvernement qui, jusque-là, ne fait que brasser du vent, alors que les réformes envisagées et détaillées dans les drafts et les power-points présentés aux bailleurs de fonds sont encore presque toutes bloquées.
A bon entendeur…
(avec Tap).
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