L’Etat tunisien se félicite du fait qu’il continue d’envoyer ses élites poursuivre leur formation dans les pays occidentaux, et ne s’inquiète pas de savoir combien d’entre eux ne reviennent pas au pays qui a financé leurs études avec l’argent des contribuables. Ce n’est pas seulement de la mauvaise gouvernance, c’est aussi et surtout de la stupidité.
Par Imed Bahri
La France reste la première destination des étudiants tunisiens boursiers et non boursiers, a déclaré, vendredi 28 avril 2023, Maha Hammami, directeur des bourses et des prêts d’études à l’étranger au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
La Tunisie a octroyé 782 bourses de longue durée en 2021/2022, dont 525 pour des études en France, 170 pour des études en Allemagne, 80 pour le Canada et 7 pour d’autres pays, a indiqué le responsable à l’agence Tap en marge du Forum Mobilité, Etudier en France, organisé par Campus France Tunisie.
Au cours de la même période, 1 026 bourses de courte durée ont été accordées, dont 658 pour des études en France et 128 pour des études en Espagne.
17 000 étudiants tunisiens à l’étranger en 2022
La France est également une destination pour les étudiants non-boursiers, a ajouté Hammami. En effet, au cours de l’année universitaire 2022-2023, 6 962 étudiants tunisiens sur un total de 17 268 ont opté pour la France tandis que 3 185 sont partis pour l’Allemagne, 1 090 pour l’Espagne, 858 pour le Canada et 800 pour la Russie.
Environ 23 bourses d’études en France et 24 en Allemagne sont accordées chaque année, a déclaré Hammami, dans le cadre du programme de bourses pour les brillants titulaires d’un baccalauréat.
En 2022, cinquante-deux bourses ont été mises à la disposition des étudiants de l’Institut préparatoire aux études scientifiques et techniques (Ipest) ayant réussi le concours d’entrée pour s’inscrire dans les établissements d’enseignement supérieur en France.
Dix-neuf bourses d’études en France et cinq autres dans les pays de l’Union européenne sont prévues pour l’année académique 2023/2024, dans le cadre du programme de bourses pour la formation des formateurs de l’enseignement supérieur (bourses master et doctorat) dans diverses matières, à savoir le design, la musicologie, le transport et la logistique, les langues, etc.
Trente-quatre autres bourses d’études au Canada sont prévues dans le cadre de ce même programme dans différentes matières, dont la science des données, l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, la cybersécurité, les sciences de la santé, les sciences agricoles, etc.
Dans le cadre du programme de bourses pour les médecins résidents, 35 bourses sont offertes chaque année aux résidents en médecine, en pharmacie et en médecine dentaire.
«Plus de 90% de ces bourses sont accordées à des médecins résidents pour des stages dans les hôpitaux français», a-t-elle précisé.
Par ailleurs, 242 bourses ont été attribuées à des élèves-ingénieurs en 2022/23 dans le cadre de la préparation aux diplômes combinés tuniso-français.
Le responsable a ajouté que 201 prêts étudiants ont été accordés à des étudiants tunisiens non boursiers à l’étranger en 2022 contre 203 prêts en 2021.
Une perte sèche pour la nation
Ces données, si elles tendent à prouver que l’Etat contribue à la formation de ses élites, elles restent insignifiantes, car la responsable n’a pas cru devoir nous préciser le taux des étudiants boursiers de l’Etat tunisien qui, une fois leurs études terminées, restent dans les pays d’accueil et les font profiter de leur savoir-faire acquis. Il ne fait pas être grand clerc pour affirmer que ce taux est très élevé et ne peut être classé qu’au chapitre de la «fuite des cerveaux».
En d’autres termes, la pauvre Tunisie qui a du mal à financer ses importations pour subvenir à ses besoins vitaux est en train de former des élites… pour les riches pays occidentaux. Si ce n’est pas là de la stupidité, cela lui ressemble énormément.
Cela dit, on ne peut reprocher aux Français, Canadiens et autres de profiter de notre mauvaise gouvernance qui «chasse» (et le mot n’est pas fort) le bon grain parmi nos ressources humaines pour n’en garder que l’ivraie : «ennokhala», dirait l’autre, qui hante les administrations publiques et est en train de détruire le pays.
(Avec Tap).
Donnez votre avis