Une économie basée sur les bas salaires, et leur corollaire, l’extorsion systématisée des structures syndicales, ne saurait aller trop loin, surtout lorsqu’elle est, en plus, desservie par une bureaucratie lourde et archaïque. La Tunisie a besoin d’essayer autre chose, mais quoi ?
Par Elyes Kasri *
La Tunisie a beau offrir les salaires les plus bas dans toute notre région mais n’arrive pas à décoller comme un site d’investissement compétitif comme le Maroc, l’Egypte ou la Turquie en ne comptant pas les pays de l’Europe de l’est.
D’après mon humble expérience, ce qui décourage le plus les investisseurs en Tunisie, c’est la bureaucratie lourde, tatillonne et tout simplement archaïque ainsi qu’une infrastructure logistique de plus en plus vétuste et qui en arrive à neutraliser l’avantage de la proximité géographique de la Tunisie avec l’Europe.
Un positionnement défavorable
Ce positionnement de plus en plus défavorable au fil des ans de la destination Tunisie, force les opérateurs tunisiens et étrangers, de moins en moins nombreux, à rogner la masse salariale octroyant ainsi une légitimité aux structures syndicales qui, sous prétexte de défendre les droits des travailleurs, contribuent à leur tour, par des pratiques assez souvent douteuses, à discréditer la Tunisie aux yeux des investisseurs étrangers.
Compte tenu des nombreuses inerties et rentes de situation qui rendent hasardeuse toute réforme systémique pourtant nécessaire et urgente, toute volonté sérieuse de réforme devrait commencer par la création de zones économiques spéciales, à l’instar du modèle chinois, mais accordées cette fois en concession «BOT» (Build, Operate and Transfer) à des entreprises étrangères spécialisées dans ce domaine, pour s’occuper de la gestion et du marketing et en faire des locomotives régionales de développement, de création d’emplois et de repositionnement de la Tunisie en tant que site d’investissement.
Créer des locomotives régionales
Ces zones économiques spéciales avec un statut off-shore devront être à l’abri de la bureaucratie tatillonne et de l’extorsion systématisée des structures syndicales, le temps que le reste de l’économie puisse trouver la voie de la réforme et de la modernisation.
Les économistes s’accordent à dire que la Tunisie a besoin d’un nouveau modèle économique et a essayé, pendant plus de vingt ans, le nivellement par le bas avec les résultats qui n’échappent à personne.
Le temps est venu d’essayer autre chose et de créer des locomotives régionales de compétitivité et d’investissement.
Autrement, le statu quo risque d’être hautement préjudiciable et peut être même fatal.
* Ancien ambassadeur.
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