«La Tunisie est notre partenaire stratégique, il est important de lui apporter notre soutien et de travailler avec ce pays pour gérer les flux migratoires», a souligné le commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, lors d’une audition à la commission des libertés civiles du Parlement européen, hier, mardi 18 juillet 2023.
Pour justifier la signature dimanche à Carthage, en présence du président Kaïs Saïed, de la présidente de la Commission européenne Ursula van der Leyen et des Premiers ministres italienne Georgia Meloni et néerlandais Mark Rutte, du protocole d’accord stratégique entre l’Union européenne et la Tunisie portant essentiellement sur la migration, Johansson a déclaré : «Le rôle de la Tunisie a changé cette année. Autrefois, la majorité des arrivées dans l’UE en provenance de Tunisie concernaient des citoyens tunisiens, cette année il y a une augmentation des arrivées, 40 000 jusqu’à présent, qui viennent de Tunisie. Beaucoup l’ont fait (ont réussi la traversée de la Méditerranée, Ndlr), d’autres malheureusement pas. Une route fatale a été créée avec des pertes de vies humaines. Seuls 5 000 d’entre eux sont Tunisiens. Il semble donc que la Tunisie soit devenue un pays de transit»
En réponse aux critiques acerbes des députés qui ont qualifié Kaïs Saïed de «dirigeant autoritaire, qui n’est pas fiable», de «dictateur qui piétine la démocratie tunisienne que nous avons tant soutenue» et qui «en fait a augmenté le nombre des départs», Johansson a déclaré : «Il est clair que la Tunisie est sous pression. À mon avis, c’est une raison pour renforcer et approfondir la coopération et intensifier le soutien à la Tunisie», ajoutant que le mémorandum UE-Tunisie introduit des obligations de part et d’autre.
«Il est très important que notre objectif principal soit toujours de sauver des vies, d’empêcher les gens d’entreprendre ces voyages qui se terminent trop souvent par la mort, c’est une priorité», a ajouté la commissaire européenne.
Johansson a aussi insisté sur le fait que les 105 millions d’euros destinés à la migration seraient «principalement» acheminés par le biais d’organisations internationales qui travaillent sur le terrain et apportent une aide aux demandeurs d’asile, comme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), tout en concédant que certains fonds seraient, en fait, fournis aux gardes tunisiens sous forme de navires de recherche et de sauvetage, et de radars.
«Permettez-moi de souligner : la Commission européenne, l’UE, nous ne sommes impliqués dans aucun refoulement de ressortissants de pays tiers vers leur pays d’origine. Ce que nous faisons, c’est financer via l’OIM les retours volontaires et la réintégration des ressortissants de pays tiers», a insisté Johansson, laissant ainsi entendre que Bruxelles ne saurait être tenue pour responsable des refoulements musclés qui seraient effectués par lesdits… pays tiers. «Je ne suis pas d’accord avec la description que la Tunisie fait du chantage. Je pense que nous avons une bonne coopération avec la Tunisie mais il est également important de renforcer cette coopération et d’intensifier le soutien à la Tunisie. Et c’est le but de ce protocole d’accord», a-t-elle conclu.
Johansson avait été reçue à Tunis le 27 avril dernier par le ministre tunisien de l’Intérieur, Kamel Feki et son collègue des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger Nabil Ammar. Dans un communiqué à propos de cette visite, l’UE a souligné l’importance du partenariat dans le domaine de la migration avec la Tunisie et sa volonté de l’approfondir, en coopération avec les États membres «dans un esprit d’Équipe Europe».
I. B.
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