Les indicateurs du secteur des hydrocarbures en Tunisie font ressortir une forte régression au niveau de la production de pétrole brut et de gaz naturel durant les dix dernières années. Le nombre des puits de pétrole a chuté de 38 à 7, a indiqué, samedi 14 mai 2022, la ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Neila Gongi Nouira.
Intervenant à la clôture de la Conférence de formation sectorielle de la fédération nationale du pétrole et des produits chimiques, relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), tenue à Hammamet, la ministre a fait état d’une aggravation du déficit de la balance énergétique (énergie primaire) à 48% en 2021 contre 10% en 2010. L’importation de produits énergétiques aura des répercussions sur l’économie nationale au vu de la volatilité des prix de l’énergie à l’échelle internationale, a développé la ministre. Et d’ajouter «les besoins de financement de la subvention des hydrocarbures, de l’électricité et de gaz ont augmenté compte tenu de la flambée du prix du pétrole, estimé actuellement à 110 dollars/baril alors que la Loi de finances pour l’exercice 2022 tablait sur un prix de l’ordre de 75 dollars/baril». Or, chaque hausse de 1 dollar du prix du baril entraîne l’accroissement des dépenses de compensation de 137 millions de dinars tunisiens (MDT).
Hausse continue des prix des hydrocarbures
C’est cette hausse des prix des hydrocarbures qui a imposé l’ajustement du prix du gaz naturel, tout en prenant en considération le pouvoir d’achat de catégories vulnérables, puisque cet ajustement n’a pas concerné 85% des clients de la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg), a tenu à souligner la ministre.
Mme Gongi a encore fait savoir que les derniers ajustements des prix des hydrocarbures ont été programmés dans la loi de finances de 2022, à raison de 3% chaque mois, assurant que le gouvernement n’a pas l’intention de supprimer la subvention, mais plutôt de la rationaliser en réorientant la subvention vers les couches défavorisées de la population, une promesse faite par tous ses prédécesseurs au poste, depuis une vingtaine d’années, sans arriver vraiment à la réaliser. Pourquoi?
Mme Gongi ne se pose pas cette question, elle se contente de rappeler que la subvention représente 58% des dépenses de développement, 13% des ressources propres de l’Etat et 3,7% du PIB. Le rôle d’un ministre est-il de commenter ces faits ou de veiller à remédier aux problèmes qu’ils révèlent ? Allez poser cette question à tous les ministres qui pérorent du haut des tribunes, alors que le pays dont ils ont la charge continue de s’enfoncer dans la crise politique, économique et sociale !
Minimiser les répercussions de la hausse sur le pouvoir d’achat
La consommation du GPL a atteint 45,2 millions bouteilles, en 2021, dont 89% est orientée au secteur résidentiel, a encore précisé Mme Gongi, dont le département, selon elle, oeuvre à minimiser les répercussions de la hausse des prix de pétrole à l’échelle mondiale, à travers une série de mesures, dont la rationalisation de la compensation (un autre serpent de mer, dont tout le monde parle mais que personne ne voit !), tout en prenant en considération le pouvoir d’achat des catégories vulnérables, et l’ajustement partiel de prix de l’électricité, de gaz et de produits pétroliers.
A cela s’ajoute, les actions menées auprès des entreprises, relatives au lancement des opérations d’audit énergétiques, des interventions du Fonds de la transition énergétique, de projets d’auto-production de l’électricité à partir des énergies renouvelables, a expliqué la ministre.
I. B. (avec Tap).
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