Beaucoup de Tunisiens se réjouissent de l’amélioration du déficit budgétaire. Sauf que la plupart d’entre eux ne voient pas que cette soi-disant «performance» est, en réalité, une contreperformance. Explications… (Illustration : siège du ministère des Finances, à la Kasbah, Tunis).
Par Mustapha Mezghani *
C’est une contreperformance car l’origine principale de cette réduction du déficit budgétaire n’est pas une amélioration des recettes budgétaires, mais une diminution des paiements, et cette diminution des paiements n’est pas due à des restrictions budgétaires volontaires mais au non-paiement des fournisseurs de l’Etat.
Beaucoup ne voient pas le lien direct qui existe entre cette réduction du déficit budgétaire et les nombreuses ruptures de produits de base que l’Etat importe (produits pétroliers, céréales, café, sucre, etc.).
Beaucoup ne voient pas le lien direct qui existe entre cette réduction du déficit budgétaire et les nombreux bateaux en rade devant les ports tunisiens pour non-paiement des fournisseurs étrangers.
Beaucoup ne voient pas le lien direct qui existe entre cette réduction du déficit budgétaire et les difficultés financières rencontrées par les nombreuses entreprises tunisiennes fournisseurs de l’Etat.
Beaucoup ne voient pas le lien direct qui existe entre cette réduction du déficit budgétaire et les pénuries de certains médicaments, les difficultés rencontrées par les hôpitaux, la CNAM, etc.
Beaucoup ne voient pas le lien direct qui existe entre cette réduction du déficit budgétaire et l’incapacité de l’Etat à s’endetter sur le marché international.
Beaucoup ne voient pas le lien direct qui existe entre cette réduction du déficit budgétaire et l’incapacité de l’Etat à s’endetter plus sur le marché local.
Beaucoup ne voient pas le lien direct qui existe entre cette réduction du déficit budgétaire et la quasi-absence d’investissement de la part de l’Etat et la réalisation du Titre 2 du budget (les dépenses de développement).
Pour ne citer que ces exemples…
Je me souviens d’un ministre des Finances qui, il y a quelques années, a laissé une grande ardoise auprès des entrepreneurs et autres fournisseurs locaux, a refusé de payer des dettes envers la pharmacie centrale pour lui permettre d’importer des médicaments (pour ne citer que ces deux cas) afin de limiter le déficit budgétaire en fin d’année.
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