La filière laitière en Tunisie traverse de grandes difficultés, principalement dues à la situation mondiale liée à la vague d’inflation, conséquence de la pandémie de coronavirus et de la guerre russo-ukrainienne. Et la solution réside dans la hausse des prix à la production pour sauver la filière aujourd’hui gravement menacée.
C’est ce qu’a déclaré Ali Kellabi, membre du bureau exécutif de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), à Mosaïque, le jeudi 29 septembre 2022,ajoutant que les facteurs ci-haut cités ont entraîné une augmentation du coût de production d’un litre de lait pour l’agriculteur tunisien et lui ont causé d’importantes pertes, en raison notamment de la forte fausse des prix de l’alimentation animale, poussant beaucoup d’éleveurs à se débarrasser de leurs vaches et entraînant une baisse de production et de collecte de lait.
Par conséquent, la baisse au niveau des usines est estimée à 12% au cours des quatre derniers mois, et cette baisse a entraîné une pénurie d’approvisionnement de l’ordre de 200 à 300 000 litres par jour, malgré le recours au stock, qui s’amenuise jour après jour.
Dans le cas où rien n’est fait pour arrêter cette hémorragie, il y aura un manque de lait sur le marché estimé 400 000 litres par jour jusqu’à fin octobre, ce qui nécessitera le recours à l’importation de l’étranger en devises fortes dans une fourchette de prix de 3,5 dinars le litre, eu égard la détérioration de la valeur de la monnaie nationale face aux monnaies étrangères.
Pour faire face à cette crise, Ali Kellabi suggère d’augmenter les prix au niveau de la production au profil de l’éleveur de manière à rééquilibrer et à stabiliser la filière laitière, et cette augmentation nécessitera une décision politique ferme et courageuse.
Salah Smaâli, agriculteur au gouvernorat du Kef, pionnier de l’agriculture intensive et éleveur de vaches laitières, a parlé, toujours à Mosaïque, de l’effondrement du système de production laitière, face à la tendance de la majorité des agriculteurs à se débarrasser de leurs vaches à cause des pertes qu’ils subissent, alimentant ainsi la contrebande du cheptel en direction de l’Algérie voisine.
Smaâli a ajouté que le stock de lait en Tunisie est en train de s’amenuiser et que l’hypothèse d’une pénurie de lait doit être envisagée ainsi que le recours à l’importation de l’étranger de ce produit au double de son prix actuel.
Smaâli a souligné la nécessité pour l’Etat d’intervenir de toute urgence pour sauver le système de production laitière et redonner son droit à l’agriculteur, indiquant que le coût de production d’un litre de lait se situe à environ 1,7 dinar, alors qu’il la vend aux centres de collecte pour seulement 1,15 dinar.
I. B.
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