‘‘Les papillons noirs’’ est une mini-série française de six épisodes qui, en septembre dernier, a été diffusée pour la première fois sur la chaîne franco-allemande Arte. L’auteur, qui l’a regardée, ces derniers jours, sur Netflix, la trouve «brute et intense, de la première à la dernière minute.»
Par Mohamed Sadok Lejri *
C’est l’histoire d’un écrivain tourmenté qui a du mal à surmonter le syndrome de la page blanche. Il espère trouver l’inspiration auprès d’illustres inconnus. Il est contacté par un étrange personnage, un vieux retraité qui souhaite consigner sa vie dans un roman avant le repos éternel.
Le vieux Albert (Niels Arestrup) semble avoir beaucoup de choses à dire et a l’air tourmenté par des profonds secrets. Ses mémoires reposent sur la grande histoire d’amour, une passion dévorante, qu’il a vécue avec Solange. Il s’agit, en réalité, d’un couple de tueurs en série qui a laissé derrière lui plusieurs cadavres dans la France des années 1970.
Un suspense insoutenable
Les meurtres sont commis le plus souvent en été, par amour, un amour violent et possessif, et semblent être justifiés. En effet, les tueries sont d’une barbarie inouïe et s’inscrivent dans une logique punitive, celle de liquider les hommes qui essayent de faire subir à Solange un rapport sexuel forcé.
Au début, le rythme de la série est un peu lent parce que les scénaristes-réalisateurs des ‘‘Papillons noirs’’, Bruno Merle et Olivier Abbou, prennent le temps d’installer le décor et d’introduire les personnages du récit.
Les souvenirs d’Albert nous transportent dans les années 1970, avec tout ce qu’elles ont de plus exaltant et libérateur, sur fond de rock, de funk et de disco. La bande-son y est excellente et les flashbacks sont esthétiquement réussis.
Le rythme s’accélère au fur et à mesure que l’histoire se développe et le suspense devient insoutenable, un suspense quelquefois surfait et calqué sur le modèle américain, notamment dans les derniers épisodes. Qui plus est, les scénaristes insistent tellement sur les attentes anxieuses pour bluffer les téléspectateurs, et sur les dévoilements et les rebondissements de l’intrigue, que cela aboutit à des situations un peu tirées par les cheveux. Les sous-intrigues, comme celle qui tourne autour du policier Carel (interprété par notre excellent Sami Bouajila), sont achevées de façon abrupte et les prétextes cousus de fil blanc entachent un peu la crédibilité de l’histoire.
Des scènes de sexe assez crus
Il n’en reste pas moins que ‘‘Les papillons noirs’’ est une mini-série brute et intense, de la première à la dernière minute. Elle n’est pas mauvaise du tout et vaut le détour. En plus, ce qui n’est pas pour nous déplaire, elle contient des scènes de sexe assez crus qui illustrent bien le couple indissociable d’Eros et Thanatos, l’éternel balancement entre la pulsion de vie (sexe) et la pulsion de mort (homicides). Car le téléspectateur est amené au fil des péripéties au confluent de ces deux violentes pulsions.
* Universitaire.
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