Le poème du dimanche : ‘‘Les poèmes ascétiques’’ de Abou Al-Atahiya

Abou Al-Atahiya est un poète arabe classique qui doit sa réputation à ses poèmes philosophiques, métaphysiques, pleins de sagesse, et prônant l’ascétisme et l’abnégation.

Né en 748, à Koufa, où il était vendeur de poterie. Abou Al-Atahiya écrivit, d’abord, des poèmes épicuriens, bachiques et panégyriques, qui firent sa réputation, puis partit vers Bagdad, où il fut rapproché des califes. Il se serait épris, selon les chroniques, d’une concubine du calife Al-Mahdi et qu’il chanta. Ce serait là la cause de son emprisonnement. Mais en haut lieu, on tenait à sa poésie.

Libéré, le poète changea d’attitude et ses poèmes devinrent, peu à peu, philosophiques, métaphysiques, pleins de sagesse, prônant l’ascétisme et l’abnégation.

Avec ses Zuhdiyat, Abou al-Atahiya peut-être considéré comme l’un des piliers du patrimoine poétique arabo-musulman. Voix majeure et singulière, Il décède en 825.

En français : Abu al-‘Atahiya, Poèmes de vie et de mort, trad. André Miquel, Sindbad.

Tahar Bekri

Az-zuhdiyat (الزهديات)

1

Le silence sans penser est oubli

La parole sans sagesse est bavardage

Celui qui désire l’éminence s’exempte

De l’amour de la vie et son surplus

Console-toi d’elle c’est un jeu

Qui s’achève rapide, elle est lui

Demain la vie douce sera sans doute

Amère et son amertume douce

2

J’ai pleuré de mes larmes la jeunesse

Ni les pleurs ni les lamentations n’ont été utiles

De quel regret n’ai-je regretté une jeunesse

Pleurée par les cheveux blanchis et la tête teinte !

Nu de ma jeunesse qui était tendre

Comme se dénude la branche de ses feuilles

Que ne revienne un jour la jeunesse

Et lui dirai ce qu’a fait la vieillesse

3

Nous venons au monde égaux

L’enfant des rois comme celui de la suite

Nous le quittons comme tu vois

Similaires dans des tombes nues

Nos actes rehaussent ou rabaissent notre rang

Le jugement juste le jour de l’infortune

Des houris des fleuves et de hauts palais

Un enfer en flammes et un feu brûlant

(Trad. de l’arabe par Tahar Bekri).

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