Gros plan : ‘Trois jours en juin’, un hymne à la résistance

En ce jour du 18 juin, je vous invite à voir un beau téléfilm sorti en 2005 : Trois jours en juin, retraçant la période allant du 16 au 18 juin 1940, entre le moment où le Maréchal Pétain demande de déposer les armes et celui où le Général de Gaulle appelle à la résistance.

Par Mohamed Sadok Lejri  

L’histoire se déroule en juin 1940, les Allemands ont pris Paris et envahissent le reste du territoire français. Alors que la triomphante armée allemande s’approche à grands pas de la Loire, un détachement de l’armée de réserve française stationné dans un village sur la Loire décide de résister en protégeant un pont qui offre une localisation stratégique. Pas très loin du pont, d’autres militaires français, en compagnie de vaillants tirailleurs sénégalais commandés par le colonel royaliste Valadon (Guy Marchand), se préparent à affronter les Allemands dans les forêts environnantes.

L’armée hitlérienne vient de faire essuyer à la France l’une des défaites les plus humiliantes de son histoire. Les Français sont encore sous le choc, l’armée française est aux abois. Que faire ?

Le téléfilm retrace la période de 3 jours allant du 16 au 18 juin 1940, entre le moment où le Maréchal Pétain demande de déposer les armes et celui où le Général de Gaulle appelle à la résistance.

Un moment oublié  

Ce téléfilm, tiré d’un livre de Frédéric H. Fajardie (Un pont sur la Loire), rend hommage de manière romancée à la résistance héroïque des 2 500 soldats français qui, malgré leur sous-équipement militaire et leur inexpérience, ont opposé, pendant deux jours, une résistance héroïque à la première division de cavalerie de l’armée allemande, alors même que le Maréchal Pétain venait d’annoncer la demande d’armistice et d’appeler à cesser le combat.

Ce moment oublié de la seconde guerre mondiale y est traité sous un éclairage passionnant. En effet, le 17 juin 1940, le maréchal Pétain adresse un message radiophonique aux armées françaises demandant de cesser les combats dans la perspective de l’armistice. Les 𝑐𝑎𝑑𝑒𝑡𝑠 𝑑𝑒 𝑆𝑎𝑢𝑚𝑢𝑟 sont considérés comme les premiers résistants au nazisme, avec les derniers défenseurs de la ligne Maginot évoquée à maintes reprises dans le film.

Ces événements historiques ont lieu sur fond d’une belle histoire d’amour qui se déroule en plein cœur du péril encouru par les protagonistes du film. L’artilleur Henri Dragance, interprété par un Patrick Catalifo très charismatique, est un écrivain anarchiste très engagé, ancien officier dégradé de la Première Guerre mondiale et vétéran de la guerre d’Espagne, décide de rejoindre le détachement du capitaine Rollet (Marc Berman), un personnage qui vacille entre la lâcheté et l’héroïsme, et devient rapidement l’organisateur de la défense du pont qui envisage de freiner l’avancée des Allemands. Henri Dragance s’amourache de l’institutrice du village, interprétée par la célèbre chanteuse Elsa Lunghini, laquelle est une fervente admiratrice de ses romans.

Il n’en reste pas moins que certaines réserves méritent d’être soulignées à propos de ce téléfilm.

D’abord, on comprend dès les premières minutes du film que c’est une production à petit budget, mais cela n’enlève rien à son charme, bien au contraire.

Les méchants et les vaillants

Ensuite, il faut savoir que le manichéisme de Trois jours en juin, avec d’un côté les méchants et cyniques allemands, remplis de haine, assoiffés de sang et qui pensent «être là pour mille ans» et de l’autre de vaillants soldats français dotés d’un sens de l’honneur très fort et dont l’amour de la patrie agit sur leurs âmes énergiques et généreuses, pourrait par moments agacer certaines personnes.

Le film a, également, été aseptisé. En effet, pour ne pas honorer les philosophies subversives et célébrer le courage de leurs adeptes, donc pour des raisons idéologiques, l’écrivain anarchiste, Henri Dragance, est devenu socialiste dans le film et sa bien-aimée s’est muée en une pacifiste antimilitariste.

En tout état de cause, les personnages du film sont particulièrement bien étudiés et réussis, à commencer par l’écrivain anarchiste et trompe-la-mort campé par un Patrick Catalifo viril, charismatique et très crédible dans ce rôle.

En outre, les ennemis d’hier (l’extrême gauche et l’extrême droite pour faire vite), portés par le même élan héroïque, sont devenus frères d’armes.

Les villageois sont dépeints sous un jour peu glorieux. Certains d’entre eux, refusant de subir les effets destructeurs de la grosse machine allemande, se sont retournés contre les soldats français qui ne voulaient pas baisser leurs armes.

Trois jours en juin s’achève par un carnage et le fameux «appel du 18 juin» lancé par Charles de Gaulle à partir de Londres pour la continuation de la lutte contre les forces de l’Axe, une belle scène qui donne envie d’entonner l’air du Chant des partisans

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