«Les finances publiques resteront limitées pendant quelques années jusqu’à ce que les orientations de la politique financière soient révisées pour retrouver les équilibres financiers et tirer le meilleur parti des avantages comparatifs et compétitifs des régions».
Dans ces propos rapportés par l’agence Tap, le ministre de l’Economie et du Plan, Samir Saïed, prend clairement ses distances vis-à-vis de la politique monétaire suivie par l’actuel gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Rappelons à ce propos que Samir Saïed avait déjà critiqué, à plusieurs reprises, la politique monétaire préconisée par Marouane Abassi et qui consiste à augmenter régulièrement le taux d’intérêt afin de contenir le taux d’inflation, estimant que cela n’a pas eu l’effet escompté, puisque l’inflation en Tunisie est en grande partie importée, alors que la hausse du taux d’intérêt donne à coup d’arrêt à l’investissement, vecteur important de croissance, de création de richesse et de lutte contre le chômage, analyse du reste partagée par d’éminents économistes qui l’ont exprimée sur ces mêmes colonnes.
En d’autres termes, le ministre de l’Economie reproche au gouverneur de la BCT de contribuer, par sa politique monétaire, au blocage actuel de la machine économique, lequel blocage se traduit par une stagnation de l’investissement, une croissance atone, une inflation galopante, un taux de chômage de plus de 15%, un déficit public chronique et un surendettement de l’Etat.
Ces divergences au sein même de l’équipe économique du gouvernement ne semblent pas avoir été dépassées, chaque partie campant sur ses positions, ce qui ne rassure guère quant à l’avenir des politiques économiques et monétaires, au moment où le président Kaïs Saïed ne cesse de souligner la nécessité de préserver la cohésion gouvernementale sous sa conduite.
Les avantages comparatifs des régions
M. Saïed, qui s’exprimait mardi 22 août 2023, lors du 3e Forum régional de promotion des investissements dans les gouvernorats du centre-ouest, tenu à Sbeitla (gouvernorat de Kasserine), a souligné que la région du centre-ouest (gouvernorats de Kasserine, Sidi Bouzid et Kairouan) présente plusieurs avantages comparatifs, comme le tourisme écologique, sanitaire et culturel, la filière laitier, la production maraîchère et céréalière, les industries agroalimentaires et les matériaux de construction.
L’objectif des forums régionaux est de promouvoir les investissements et d’identifier les avantages de chaque région. «Chaque région a un avantage, même en termes de législation et de procédures. Nous devrons parfois nous adapter aux caractéristiques spécifiques de ces régions, qui n’ont pas bénéficié du développement et des investissements publics», a-t-il souligné.
Le ministre a souligné que le secteur privé, moteur de la croissance, n’a pas investi dans les régions de l’intérieur, soulignant la nécessité de discuter avec les représentants du secteur privé, les responsables et les opérateurs économiques «pour comprendre les causes de ce mécontentement».
«Nous sommes déterminés à créer des chaînes de valeur attractives pour les investisseurs dans les régions de l’intérieur, à simplifier les procédures administratives et bureaucratiques, à revoir la loi sur les investissements et à intensifier le soutien aux investisseurs dans les premières années de leurs projets afin d’améliorer le climat d’investissement dans les régions de l’intérieur», fit remarquer Saïed.
«Nous nous engageons à œuvrer pour transformer toute région présentant des avantages comparatifs dans une activité ou un domaine en une capitale nationale dans ce secteur spécifique», a-t-il ajouté.
Le ministre a également souligné la nécessité de développer les chaînes de valeur et de s’appuyer sur la connaissance, la technologie et l’innovation dans tous les secteurs, y compris les secteurs traditionnels. Il a déclaré que les mesures qui pourraient être prises sur une décennie ont été identifiées afin de passer à une économie de la connaissance.
Impulser le développement régional
Le ministère de l’Économie et du Plan, en coopération avec les différentes parties prenantes (institutions publiques, organisations nationales et société civile), a lancé le 15 août une série de réunions régionales pour stimuler les investissements dans les régions, y compris des ateliers visant à tirer parti des avantages comparatifs de chaque région dans le cadre des systèmes économiques et sur les moyens de promouvoir les investissements et les infrastructures industrielles et logistiques, en plus des programmes de développement régional dans les gouvernorats.
Les ateliers examinent les mécanismes et programmes d’autonomisation économique des groupes défavorisés, ainsi que le financement, les incitations et le soutien. L’objectif est d’approfondir le dialogue et la concertation entre les différentes parties prenantes sur les moyens de renforcer l’investissement privé dans les différentes régions et d’utiliser les moyens et ressources disponibles pour stimuler l’activité économique.
Ces rencontres régionales, qui s’achèveront en décembre 2023, aboutiront à l’organisation d’une conférence internationale sur l’investissement.
I. B. (avec Tap)
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