«Il est peu probable qu’une tempête tropicale similaire à celle qui a frappé cette semaine la Libye touche la Tunisie à court et moyen terme», a rassuré mercredi 13 septembre 2023 le climatologue tunisien Zouhaier Hlaoui, faisant référence aux études climatiques menées dans notre pays.
Le changement climatique a accru les précipitations associées aux cyclones tropicaux, affirment les météorologues et les climatologues. Et selon l’Organisation météorologique mondiale, le changement climatique a rendu les conditions météorologiques plus intenses de 20 à 50 %.
En Libye, pays d’Afrique du Nord voisin de la Tunisie, les vents orageux et les pluies torrentielles déclenchés par l’ouragan Daniel ont laissé un lourd bilan de plus de 5 000 morts (au 12 septembre 2023) et des milliers de disparus.
«Ce phénomène, qui s’inscrit dans un système aérologique méditerranéen, ne risque pas d’affecter les régions tunisiennes, car caractérisé par un mouvement d’ouest en est, et étant donné qu’il a atteint les côtes libyennes et égyptiennes, il n’est plus possible qu’il revienne vers les côtes tunisiennes, d’autant plus qu’il s’est affaibli ces derniers jours», a indiqué le climatologue à l’agence Tap.
Cependant, dans l’intervalle (entre l’automne et le printemps), il est probable qu’il y ait «un phénomène de retour de l’est», qui génère de nombreuses perturbations, notamment de fortes pluies, provoquant des inondations, à l’instar de celles enregistrées en Tunisie en 1969 et 1990, a ajouté Hlaoui.
«La fréquence accrue des tempêtes comme celle qui a frappé la Libye ces derniers jours, également connue sous le nom de Medicane, ou cyclone subtropical, est un système dépressionnaire méditerranéen ayant les propriétés d’un cyclone intertropical et d’une dépression frontale de latitude moyenne», a-t-il expliqué.
«Cette tempête très dense, qui présente une structure nuageuse en spirale et génère des vents forts et des pluies torrentielles, est l’une des principales manifestations du changement climatique», a-t-il ajouté.
Hlaoui a appelé les autorités tunisiennes à faire davantage, comme tous les pays du monde, pour contribuer à l’effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) responsables du réchauffement climatique, afin de réduire les ravages provoqués par ces phénomènes, qui deviennent de plus en plus intenses et extrêmes en raison du changement climatique.
«Bien qu’elle ne soit responsable que de 0,07% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la Tunisie subit de plein fouet les impacts du changement climatique, qui se matérialisent souvent par des sécheresses successives de durée et d’intensité croissantes, des phénomènes extrêmes tels que de fortes précipitations et des canicules intenses. Les canicules exceptionnelles enregistrées en juillet et août 2023 en sont l’exemple le plus fréquent», a-t-il souligné.
Le climatologue, auteur du livre ‘‘Climat et bioclimat de la Tunisie’’ a indiqué qu’il ne s’agit pas seulement de répercussions immédiates, comme les inondations dévastatrices en Libye, mais aussi de nouveaux problèmes qui surgiront dans un avenir proche, comme «les perturbations de l’équilibre hydrique et du régime biologique des espèces animales et végétales de notre région».
Il a appelé à la mise en œuvre de stratégies et de mesures d’adaptation aux effets du changement climatique, ainsi qu’à la mobilisation de la recherche scientifique et de financements substantiels pour y parvenir.
À l’échelle mondiale, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a souligné le lien entre l’augmentation et l’intensification des événements météorologiques extrêmes et le changement climatique.
Selon ces experts climatiques de l’Onu, chaque degré de réchauffement supplémentaire équivaut à une augmentation de 7% des précipitations lors des tempêtes et des orages.
Le cyclone Daniel, qui a frappé la Libye, est le cinquième cyclone tropical, la quatrième tempête tropicale, le deuxième ouragan majeur et le premier ouragan de catégorie 4 de la saison cyclonique 2010 dans l’océan Atlantique Nord.
D’après Tap.
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