Si les négociations officielles entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau programme demeurent au point mort, les discussions informelles entre les deux parties n’ont pas vraiment été rompues. (Illustration : Jihad Azour reçu par Kaïs Saïed en juin 2022).
Imed Bahri
Une équipe du FMI visitera la Tunisie, au cours des prochaines semaines, pour examiner les dernières évolutions économiques et financières dans le pays, dans le cadre de l’article IV, a indiqué le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, lors d’une conférence de presse consacrée à la présentation du rapport du FMI sur les perspectives de l’économie régionale Moyen orient et Asie centrale octobre 2023.
Répondant à une question de l’agence tunisienne Tap, Azour a souligné que le programme de coopération financière entre la Tunisie et le FMI, suspendu depuis octobre 2022, ainsi que l’appui technique, se poursuivent, qualifiant de «fierté» le programme des réformes présenté par le gouvernement tunisien, et d’«entièrement tunisien», comme pour répondre au président de la république Kaïs Saïed qui, à plusieurs reprises, avait rejeté le programme de la Tunisie avec le FMI, le qualifiant de «diktats de l’étranger».
Resserrer davantage la politique monétaire
La Tunisie devra resserrer davantage sa politique monétaire pour maîtriser l’inflation qui demeure élevée, en dépit de sa régression, a souligné Azour, laissant ainsi entendre que sans les réformes structurelles profondes convenues avec les bailleurs de fonds internationaux, la Tunisie ne pourra pas sortir de la crise et relancer son économie en panne.
Lors d’une précédente conférence de presse tenue en marge des réunions de printemps du groupe de la Banque mondiale et du FMI en avril 2023 à Washington, le responsable avait indiqué, à propos d’une possible révision de certaines réformes, qui auraient des coûts sociaux inacceptables pour le pouvoir, que «toute opération de réforme a des répercussions» et qu’«il est impératif d’alléger les impacts négatifs et élargir les perspectives positives, chose sur laquelle nous axons notre travail, en collaboration avec les autorités tunisiennes». Mais depuis, les choses ne semblent pas avoir évolué dans ce sens, le dialogue de sourds s’étant poursuivi entre les autorités tunisiennes et les responsables du FMI, qui tardent à inscrire le programme de la Tunisie à l’ordre du jour des réunions de son conseil d’administration.
Poursuite d’un dialogue de sourds
Le FMI avait annoncé son accord préliminaire, au niveau des experts, depuis octobre 2023, pour un prêt d’environ 1,9 milliard de dollars pour la Tunisie sur une période de 4 ans. Toutefois, l’examen de ce programme, qui devait avoir lieu le 19 décembre 2022, a été renvoyé aux calendes grecques. Et rien n’indique encore que les négociations vont reprendre bientôt, alors que le président Saïed ne cesse de répéter que la Tunisie rejette les «diktats étrangers» et que les Tunisiens doivent apprendre à compter sur leurs propres moyens et à préserver la souveraineté de leur décision nationale.
Il reste à savoir comment et sur la base de quelles ressources providentielles le gouvernement tunisien va-t-il mener sa barque sur le plan économique et financier. Sur quelles ressources va-t-il compter pour continuer à rembourser ses dettes faramineuses et financer ses dépenses ? Alors que ces chers ministres, fidèles en cela à une politique d’omerta inaugurée le 25 juillet 2021, ne nous disent rien des mesures qu’ils vont prendre en ce sens. Lesquelles mesures, nous n’en doutons pas, seront sous le signe de l’austérité et de la réduction des dépenses.
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