Alors qu’Israël interdit aux médias du monde entier d’accéder à Gaza, seules une poignée de chaînes y sont présentes via leurs correspondants locaux et parmi elles la chaîne d’information en continu Al-Jazeera qui dévoile au monde en permanence le génocide israélien perpétré dans le territoire palestinien ce qui dérange au plus haut point les responsables israéliens. En réaction, des journalistes de la chaîne et des membres de leurs familles sont assassinés quand d’autres sont accusés d’être des combattants du Hamas et aujourd’hui le gouvernement israélien veut tout simplement interdire la chaîne d’exercer. Décryptage.
Par Imed Bahri
L’armée israélienne a affirmé, lundi12 février 2024, que le correspondant d’Al-Jazeera Mubasher dans la bande de Gaza Samir Muhammad Washah était en réalité l’un des commandants des Brigades Al-Qassam, la branche armée du Hamas. Tsahal prétend avoir trouvé des documents et des photos dans la bande de Gaza confirmant le bien-fondé de ces accusations.
Le porte-parole de Tsahal Avichai Adraee a indiqué à l’intention des médias arabophones: «Lors d’une activité de nos forces il y a plusieurs semaines à l’intérieur de l’un des camps du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, un ordinateur portable appartenant au dénommé Mohamed Samir Muhammad Washah né en 1986 de Bureij a été saisi et il ressort clairement des documents que c’est un éminent commandant du système des missiles anti-blindés de la branche armée du Hamas.» Il a poursuivi ses allégations: «À la fin de 2022, Washah a commencé à travailler dans le domaine de la recherche et du développement au sein de la force aérienne du Hamas. L’enquête des services de renseignement menée sur l’ordinateur a révélé des images liant Mohamed Washah à des activités au sein du Hamas.»
Guerre, génocide et mensonges
Ces allégations de la Hasbara, la propagande israélienne, basée sur le mensonge et la désinformation, sont à chaque fois plus grotesques les unes que les autres. Ils ont affirmé que sous l’hôpital Al-Shifa se trouvait le commandement des Brigades Ezzeddine Al-Qassam, ils y ont perpétré un massacre effroyable et il n’y avait aucun commandement. Ils ont affirmé qu’ils devaient élargir les opérations à Khan Younès en prétendant que Yahya Sinwar, chef du Hamas dans la Bande de Gaza, et Mohamed Deïf, chef des Brigades Al-Qassam, s’y trouvaient dans des tunnels, ils ont fini par dévaster tout Khan Younès et ne les ont pas retrouvés.
À chaque fois, les Israéliens mentent d’une manière fieffée et grotesque pour poursuivre leur guerre injustifiée et sanglante. C’est dans cette optique qu’ils accusent des journalistes surtout d’Al-Jazeera, la chaîne qui les dérange et dévoile au monde entier leurs crimes de guerre et le génocide qu’ils perpètrent à Gaza, d’être des combattants du Hamas pour tenter de les discréditer aux yeux du monde.
D’ailleurs, il faut signaler que l’armée israélienne avait déjà accusé deux autres journalistes d’Al-Jazeera assassinés lors d’une frappe aérienne israélienne à Khan Younès d’être des membres du Hamas et du Djihad islamique en l’occurrence Hamza Al-Dahdouh, fils du correspondant d’Al-Jazeera et directeur de son bureau à Gaza Wael Al-Dahdouh (lui-même gravement blessé par Tsahal et en soins actuellement à l’étranger) ainsi que Mustafa Thuraya, monteur vidéo à l’Agence France-Presse qui a également travaillé pour la chaîne qatarie. Ceci sans parler de la centaine de journalistes palestiniens tués dans les bombardements israéliens depuis l’invasion de la bande de Gaza, en octobre dernier.
À l’heure où les chaînes du monde entier sont interdites d’accéder à Gaza par Israël, Al-Jazeera est l’une des très rares chaînes à y être présente car elle possède des correspondants locaux bien avant le 7 octobre. La chaîne d’information en continu basée à Doha est la plus regardée du monde arabe et au-delà même. Al-Jazeera English qui touche le public international non arabophone traduit les vidéos et les témoignages d’Al-Jazeera en arabe et montre ainsi au monde entier l’étendue des crimes israéliens. Elle est l’une des très rares chaînes à couvrir 24h/24 et 7j/7 le génocide israélien perpétré à Gaza depuis le 7 octobre. Elle a tout documenté et diffusé dans les quatre coins de la Bande de Gaza et en même temps montre les exactions de l’armée israélienne et des colons terroristes en Cisjordanie.
Netanyahu veut un génocide à huis clos
Al-Jazeera dérange les génocidaires au pouvoir en Israël alors il faut la discréditer et la faire taire. Pour y parvenir, les méthodes israéliennes sont les assassinats des journalistes de la chaîne à Gaza à l’instar de Samer Abu Daqqa laissé agonisant tout seul pendant six heures et empêchant les ambulances de le secourir, Hamza Al-Dahdouh et Mustafa Thuraya mais aussi leurs familles. Plusieurs membres de la famille de Wael Dahdouh dont son épouse, certains de ses enfants et de ses petits-enfants ont été tués par l’armée israélienne. La famille de Momen Al-Sharafi, autre correspondant d’Al-Jazeera à Gaza a été décimée. Plus de 20 membres de sa famille dont ses parents et ses frères et sœurs ont été tués chez eux à Jabalia. Et le journaliste qu’Israël ne parvient pas à tuer est accusé par la Hasbara d’être un combattant du Hamas.
Comme si tout cela ne suffisait pas, les génocidaires au pouvoir en Israël ont décidé d’en finir avec la chaîne et de l’interdire en concoctant spécialement une loi, et ceci à la veille de l’élargissement du champ du génocide à Rafah, le territoire le plus peuplé actuellement à Gaza avec presque 1,5 million de Gazaouis qui y sont entassés dans des conditions des plus déplorables.
Netanyahu veut un génocide à huis clos et c’est dans cette optique que les ministres du gouvernement israélien ont voté, lundi 12 février, et à distance, en faveur de ce qui a été dénommé la Loi Al-Jazeera qui «empêche toute entité étrangère d’émettre si cela porte atteinte à la sécurité d’Israël». Cependant, la décision d’empêcher la chaîne d’émettre en Israël est toujours entre les mains du cabinet de guerre israélien qui doit donner son aval mais qui n’a pas fixé de date pour sa réunion.
L’Autorité de radiodiffusion israélienne a déclaré: «Lors d’un vote téléphonique, les ministres du gouvernement ont approuvé la loi Al-Jazeera qui interdit aux médias étrangers qui nuisent à la sécurité d’Israël d’émettre. La demande qui a été envoyée aux ministres hier dimanche intervient après que le porte-parole de l’armée israélienne a révélé que les forces armées à Gaza ont trouvé l’ordinateur personnel d’un journaliste d’Al-Jazeera qui est également un militant du Hamas.»
La Broadcasting Corporation n’a pas fourni plus de détails sur les circonstances de l’approbation de cette loi. Toutefois, le journal Israel Today a déclaré: «Il s’agit d’une étape visant à mettre fin au mouvement qui a commencé au début de la guerre et qui a été confronté à des difficultés qui ont conduit à un échange d’accusations entre les ministres et le Premier ministre, entre autres, sur fond de la participation du Qatar aux négociations pour la libération des personnes kidnappées.» Le journal a ajouté: «En réalité, la décision du gouvernement ne fait que jeter les bases de la fin de la présence officielle de la chaîne en Israël car elle laisse la décision au cabinet de guerre.»
La chaîne Al-Mayadeen interdite de diffusion
Les demandes persistantes d’arrêter la diffusion d’Al-Jazeera en Israël ont commencé après la guerre mais aucune décision n’a été prise à cet égard. Le gouvernement israélien a par contre déjà décidé le 13 novembre dernier d’interdire la diffusion de la chaîne de télévision libanaise Al-Mayadeen en Israël.
À l’époque, le ministère israélien des Communications avait déclaré dans un communiqué: «Conformément aux règles relatives à l’état d’urgence approuvées par le gouvernement afin d’empêcher un organisme de radiodiffusion étranger de compromettre la sécurité de l’État et après avoir reçu des rapports d’opinion de tous les services de sécurité, le cabinet de guerre a approuvé la proposition du ministre des Communications de donner des instructions pour arrêter les activités et la diffusion d’Al-Mayadeen Media Network.»
Israël que les Occidentaux, États-Unis en tête, adorent désigner par le terme de «seule démocratie du Moyen-Orient» perpètre un génocide effroyable et interminable depuis plus de quatre mois, tue avec sang froid les journalistes qui dévoilent ses crimes ainsi que leurs familles, accuse d’autres d’être des membres du Hamas essayant ainsi de les décrédibiliser et interdit les rares chaînes de télévision qui osent montrer au monde son véritable visage de génocidaire. Une entité artificielle dirigée par des assassins notoires qui n’a rien d’une démocratie, n’en déplaise à ses parrains occidentaux qui la chérissent quoi qu’elle fasse et qui continuent de refuser les accusations de génocide à son endroit.
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