Cette mini-série fantastique sud-coréenne est un chef-d’œuvre en son genre, maîtrisée de la première seconde à l’épilogue. C’est une fresque captivante prenant la forme d’un flot ininterrompu de destins inter-reliés, avec des scènes émouvantes et gorgées d’émotions fortes.
Mohamed Sadok Lejri
Cette semaine, j’ai regardé Le Jeu de la Mort (Death’s Game, 2023), une mini-série sud-coréenne constituée de huit épisodes. Commençons par la résumer en un mot : géniale !
C’est l’histoire d’un jeune homme plein de rêves, de projets et d’espérances. Malgré de brillantes études réalisées grâce au sacrifice de sa mère qui l’élève seule et qui est femme de ménage, Choi Yi Jae enchaîne les petits boulots et n’arrive pas à trouver un emploi sérieux et stable. Sa petite-amie semble s’intéresser à un homme qui a une meilleure situation que lui. Il perd les quelques économies qu’il a réalisées dans une arnaque au bitcoin, ce qui va l’isoler encore plus dans son malheur. Ne pouvant plus payer son loyer, Choi Yi Jae se retrouve dans la rue par une nuit très pluvieuse. Désespéré de la vie, il décide de mettre un terme sa vie.
Une trame narrative solide
La mort, représentée sous les traits d’une jolie femme et offensée par autant de désinvolture à son égard, donc vis-à-vis de la mort, va le punir en l’obligeant à revivre la mort dans la peau d’autres personnages qui sont au nombre de treize. Chaque personnage dans lequel Choi Yi Jae va se réincarner a sa propre histoire. L’on y découvre le passé de chaque personnage et les circonstances qui le vouent à une mort imminente. Pour expier son crime, son suicide, le protagoniste doit échapper à la mort durant l’une des autres vies pour la vivre jusqu’au bout.
Chaque épisode est construit comme un puzzle. Les histoires des personnages s’emboîtent parfaitement les unes dans les autres, révélant peu à peu une trame narrative solide et un scénario réglé comme du papier à musique.
Le Jeu de la Mort est une fresque captivante prenant la forme d’un flot ininterrompu de destins inter-reliés. Comme dans toutes les bonnes fictions sud-coréennes, le mélange des genres s’impose avec beaucoup de fluidité.
En effet, on se heurte à la violence la plus extrême (violence physique et psychologique), à la cruauté la plus absolue, au suspense le plus insoutenable et diabolique, juste avant de passer, sans aucune discordance, sans aucune fausse note, aux scènes émouvantes et gorgées d’émotions fortes. Ces dernières peuvent prendre les allures d’un mélodrame larmoyant, mais on ne verse jamais dans le pathos et le pathétique; l’émotion y est toujours très intense. Les scènes tristes sonnent et résonnent si justes que l’on ne peut s’empêcher de s’identifier aux personnages et de ressentir les émotions qu’ils éprouvent.
Le Jeu de la Mort aborde une variété de thèmes importants et ontologiques, ils y sont savamment mélangés : la vie, la mort, l’amour, la fatalité, le sacrifice, le courage, la lâcheté, la bonté, la cruauté, l’inégalité, l’argent, la société, la capacité de survivre et l’adaptation au monde actuel, la politique, l’influence perverse des puissants… Ne vous y trompez pas, cependant : même s’il y a beaucoup de morale dans cette mini-série, on ne verse jamais dans le moralisme ou le manichéisme hollywoodien.
Une montagne russe émotionnelle
En regardant Le Jeu de la Mort, on se surprend à se poser des questions existentielles, des interrogations sur nos propres erreurs et regrets. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce k-drama a un côté «conte moral et philosophique» car il offre une réflexion profonde sur la vie et la nature humaine.
Le jeu des acteurs, la réalisation et le scénario sont tout bonnement magistraux. Tous les épisodes sont nécessaires à l’intrigue, rien n’est laissé au hasard et pas de superflu. C’est un chef-d’œuvre en son genre, une mini-série fantastique maîtrisée de la première seconde à l’épilogue. Le casting est tout bonnement génial. Les acteurs sont charismatiques et livrent une prestation sans faute; le genre de prestation qui laisserait sans voix même le critique le plus vétilleux.
Cette production coréenne est une montagne russe émotionnelle où se mêle profondeur et adrénaline. Même si la mort et la violence y sont omniprésentes, Le Jeu de la Mort est moins un voyage en enfer qu’une ode à la vie.
P.-S. : Les scènes où Choi Yi Jae rencontre sa mère éplorée sous les traits des personnages dans lesquels il s’est réincarné m’ont littéralement bouleversé. L’on ne peut s’empêcher de fondre en larmes en voyant ces scènes et en écoutant les dialogues.
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