Né en 70-69 av. J.-C. et décédé en 19 av J.-C., Virgile est considéré comme l’un des poètes majeurs de la langue latine et influencera de nombreux poètes européens.
Né à Andes, près de Mantoue, en Italie, il poursuit ses études à Milan puis à Rome. Compose en 37 av J.-C. sa première œuvre, Les Bucoliques, dédiée à Mécène, lors du partage de l’Empire ente Octave et Antoine. Il commence en 27 av J.-C. son poème épique L’Enéide à la gloire d’Auguste. Accomplit un voyage en Grèce er en Asie mineure.
Avec Les Géorgiques, dont est tiré cet extrait, Virgile écrit un hymne à la nature, un chant à la terre, abandonnée par les guerres, célèbre les travaux des champs et le labeur humain.
Tahar Bekri
Il y a encore, parmi les soins dus aux vignes, un autre travail, et qui n’est jamais épuisé : il faut en effet trois ou autre fois l’an fendre tout le sol, et en briser éternellement les mottes avec le revers des bidents; il faut soulager tout le vignoble de son feuillage. Le travail des laboureurs revient en un cercle ; et l’année en se déroulant le ramène avec elle sur ses traces.
…Sois le premier à creuser le sol, le premier à brûler les sarments mais au rebut, le premier à rentrer les échalas au logis; sois le dernier à vendanger Deux fois, leur ombrage menace, les vignes ; deux fois, les herbes étouffent la récolte de leurs épaisses broussailles ; dur labeur de part et d’autre.
…Les oliviers, au contraire, ne demandent pas de culture ; ils n’attendent rien de la serpe recourbée ni des hoyaux tenaces, quand une fois ils ont pris au sol et affronté les brises. La terre, entrouverte au crochet, fournit d’elle-même aux plantes une humidité suffisante et, retournée par le soc, des fruits lourds. Nourris donc le gras olivier agréable à la Paix.
De même les arbres fruitiers, dès qu’ils ont senti leurs troncs vigoureux et qu’ils sont maîtres de leurs forces, s’élancent rapidement vers les astres par leur propre vertu et n’ont pas besoin de notre aide.
D’ailleurs il n’est point de bocage qui ne se charge de fruits, et de fourrés incultes qui ne rougissent de baies sanglantes ; les cytises sont broutés; la haute forêt fournit des résineux ; pâture des feux nocturnes qui répandent la lumière. Et les hommes hésiteraient à planter des arbres et à y consacrer leurs soins !
Les Géorgiques, traduit du latin par Maurice Rat, GF Flammarion.