Tunisie : la figue de barbarie, une filière portée par les femmes

A l’occasion de la fête nationale de la femme, qui est célébrée le 13 août, il est important de rappeler qu’aussi bien au niveau de la production agricole que de la transformation industrielle du cactus, ce sont les femmes qui tirent le secteur vers le haut, puisque 54% des entreprises de transformation de figue de barbarie sont aujourd´hui gérées par des femmes. 70% des cheffes d´entreprises exportent leurs produits.

Autres statistiques significatives : 80% des nouveaux emplois sont occupés par des femmes et 24% des nouvelles recrues détiennent une responsabilité de gestion d´équipes. Le dynamisme que connaît la filière a permis de faire bénéficier les ouvrières agricoles à Kasserine d’une augmentation de 120% de leurs revenus journaliers. Le développement des différents maillons de la filière figue de barbarie tunisienne est appuyé par le projet Pampat (Onudi-Seco).

L’huile de pépins de figue de barbarie biologique est considérée comme le porte-drapeau de la nouvelle cosmétique tunisienne. Au cours des 4 dernières années, le nombre d´entreprises tunisiennes qui valorisent cette huile est passée de 35 à 72 et les exportations sur les cinq continents ont augmenté de 160%. Étant donné que la clientèle principale de ce produit, tant en Tunisie qu’à l’étranger, est féminine, il est essentiel de rendre hommage au rôle crucial des femmes dans toutes les étapes de la production de cette huile. Leur contribution est fondamentale pour développer l’ensemble du secteur.

Des entrepreneures leaders

En effet, ce sont les femmes qui contribuent largement au développement des activités agricoles dans les champs de figuiers de barbarie et qui travaillent également dans les unités de transformation cosmétiques pour la diversification de la gamme de produits. Elles se positionnent aussi comme entrepreneurs leader du secteur. 54% des entreprises de transformation de figue de barbarie sont aujourd´hui gérées par des femmes. Cela représente 5 fois plus que la moyenne des autres secteurs en Tunisie. De plus, 80% des 1 400 emplois créés dans le secteur par les entreprises au cours des 8 dernières années sont occupés par des femmes. Parmi celles recrutées depuis 2020, 24% occupent un poste de gestion d’équipes.

Les cheffes d´entreprises sont fortement orientées vers la recherche de nouveaux clients et l´ouverture de nouveaux marchés. En effet, 70% des sociétés gérées par des femmes exportent aujourd´hui. Au cours des dernières années, plusieurs consécrations sont venues récompenser les efforts fournis par les jeunes cheffes d’entreprises de la filière. Ainsi un tiers des sociétés gérées par des femmes ont remporté des prix, des médailles ou des trophées en reconnaissance de leur performance et de leur esprit d’innovation, que ce soit pour leurs modèles d´affaires ou le développement de nouveaux produits.

Ces prix témoignent du grand dynamisme et de la capacité d’innovation du secteur en Tunisie. En effet, la majorité de sociétés offrent une gamme de produits à base de figue de barbarie très diversifiée. Même si le produit phare par excellence continue à être l´huile de pépins de figue de barbarie, les entreprises sont en train de proposer également des gels, des crèmes, des savons, des sérums, des shampooings et bien d’autres produits. De plus, la gamme de produits agroalimentaires et diététiques continue de s’élargir. Le vinaigre aux vertus amincissantes, le sirop sans sucre ajouté, la mélasse, le jus, les infusions, ainsi que la poudre de raquettes riche en fibres, sont en train de s’imposer sur le marché. Pour soutenir ces développements, les femmes cheffes d´entreprises ont réalisé au cours des quatre dernières années des investissements d´environ 4 millions de dinars tunisiens.

Les ouvrières agricoles, souvent négligées dans le modèle agricole, ont également pu bénéficier indirectement du développement entrepreneurial. Ainsi, la diversification des produits transformés, la montée progressive en gamme et l’orientation vers les marchés de niche a fait augmenter la demande pour différents types de produits agricoles issus du cactus biologique (fleurs, raquettes, figue de barbarie), qui doivent répondre à des exigences de qualité de plus en plus élevées.

La technicité croissante requise pour le travail agricole, ainsi que l’augmentation de la demande sur le marché du travail pour développer un nombre grandissant d’activités agricoles et de post-récolte, ont conduit, en l’espace d’une décennie, à une hausse de 120% du salaire journalier des ouvrières agricoles à Kasserine, qui est le centre de production national du cactus biologique.

Le défi de la cochenille

Aujourd’hui, alors que la filière du cactus en Tunisie est confrontée à l’expansion de la cochenille, un insecte ravageur attaquant les plantations de cactus, le rôle des femmes rurales dans la prévention, la détection et l’application des bonnes pratiques agricoles est devenu encore plus crucial pour surmonter ce défi et poursuivre la voie d’une croissance inclusive et solidaire.

En effet, la demande pour l’huile de pépins de figue de barbarie continue d’augmenter sur les marchés internationaux, et le dynamisme de ce secteur semble encore loin d’atteindre son plein potentiel.

Depuis 2013, le développement de la filière figue de barbarie a été encouragé au niveau agricole et agroindustriel par le «Projet d’accès aux marchés des produits agroalimentaires et de terroir» (Pampat), qui est mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) en étroite collaboration avec le ministère de l’Agriculture, le Cepex et le Gifruits avec un financement du Seco suisse.

Quand le projet Pampat a commencé en 2013, la filière de la figue de barbarie peinait à se développer.

Le secteur comptait seulement cinq entreprises de transformation et les espoirs mis sur cette filière étaient très limités. Néanmoins ce secteur avec une empreinte typiquement féminine a toujours su transformer les défis en opportunités. La touche féminine continuera de jouer un rôle déterminant dans la poursuite de la croissance et de l’innovation.

Communiqué.

error: Contenu protégé !!