Dans le poème ci-dessous écrit hier, samedi 10 août 2024, suite au bombardement par l’armée israélienne de l’école Al-Tabaeen dans le quartier d’Al-Daraj au centre de la ville de Gaza, qui a fait une centaine de morts, le poète tunisien Tahar Bekri crie sa rage, son indignation et son désespoir face à une humanité en partie complice des criminels de guerre israéliens, ne fut-ce que par non-assistance à un peuple martyrisé.
C’était un samedi
Un sabbat de sang
93 tués dans une école
Femmes et enfants
Enfants et femmes déportés
Réfugiés dans cette école
A côté de la mosquée
Il y a le mensonge
Il y a la haine
Il y a le crime de guerre
Pendant qu’on célèbre
La fête universelle
Les victoires
Il y a les lâches
Les larmes du crocodile
Les crocs devant
Il y a le silence
Des complices
Il y a un peuple errant
Qu’on veut rayer de la carte
Il y a des décombres
Il y a des jours et des nuits sombres
Il y a des charniers dans les hôpitaux
Il y a des assassinats de cuisiniers
Humanitaires de chirurgiens d’enseignants
Il y a des bombardements de cimetières
Il y a des cris humains mêlés à la poussière
Il y a la mer qui vomit
Il y a des passages interdits il y a des blocus
Pour affamer les humains
Il y a des secours qui pourrissent
Il y a des bruits de bottes et des militaires
Assoiffés de balles de drones et d’aciers
De plombs de chars de missiles et de feu
Il y a la culpabilité coupable
Il y a la conscience malheureuse
Il y a des rivières qui coulent dans le vide
Il y a des lois internationales qu’on bafoue
Sur lesquelles ils essuient leurs pieds
Comme des serpillières
Il y a mon refus de la barbarie
Il y a ma mémoire
Il y a mon humanité
Contre ma mort
Ceux qui la donnent en toute tranquillité
Il y a mon amour
Humains non humains
Il y a mon cœur gardien des larmes
Il y a des victoires faibles
Il y a la course contre la montre
Il y a des relais
Il y a des haies
Il y a des lauriers comme des algues puantes
Il y a les trêves que l’hippopotame
Enfonce dans la marre
Il y a des douleurs dont il est responsable
Il y a paix
Ton nom que j’élève
Contre la guerre
Il y a ta dignité
Humanité
Que j’affirme raffermis
Lumière de vie