L’amélioration de la situation financière de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) est tributaire de la reprise de la production dans le secteur des phosphates qui a connu une grave régression depuis 2011.
C’est ce qu’a déclaré Taoufik Boufaied, Pdg de la société publique, en marge de la cérémonie organisée dimanche 11 août 2024, à la gare ferroviaire de Tunis, à l’occasion du départ du premier voyage sur la ligne Tunis-Annaba en Algérie trois décennies après son interruption.
La SNCFT, qui traverse depuis plusieurs années de grosses difficultés financières l’empêchant de renouveler ses infrastructures et ses équipements frappés de vétusté, avait transporté en 2010, année de référence, environ 7 millions de tonnes de phosphate entre le bassin minier de Gafsa et les usines de transformation à Sfax et Gabès, avant que ce chiffre ne descende à 1 million de tonnes en 2011, en raison des perturbations provoquées par les mouvements sociaux dans la région. Ce chiffre n’a pas beaucoup évolué à ce jour. Ce qui en dit long sur les pertes enregistrées par les trois entreprises publiques, qui étaient jadis des moteurs de croissance pour l’économie du pays, soit, en plus de la SNCFT, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) et le Groupe chimique tunisien (GCT) qui sont interdépendantes les unes des autres.
Les recettes du transport du phosphate contribuaient au financement de l’entretien des équipements, alors celles du transport des voyageurs ne représente que 35% des coûts de la SNCFT (carburants et autres dépenses), sachant que les prix des billets sont maintenus à des niveaux acceptables pour toutes les catégories de la société, et ce dans le cadre de la politique sociale de l’Etat et de la compensation des prix.
«La révision des prix du transport devient une nécessité, même si cette question n’est pas aujourd’hui à l’ordre du jour, étant donné la qualité des services dispensés aujourd’hui par la société à ses clients et qui n’atteignent pas les niveaux requis, en raison des retards enregistrés dans les départs et les arrivées des trains et de la vétusté des équipements utilisés», a estimé Taoufik Boufaied.
La situation difficile actuelle de la société est le résultat d’une gestion et d’une gouvernance laissant à désirer durant plusieurs décennies, a indiqué le Pdg de la SNCFT, ajoutant que, malgré toutes les difficultés qu’elle rencontre, la société s’emploie à améliorer ses services et ses équilibres financiers à travers une planification et une exploitation plus judicieuses.
La société continue de s’acquitter de dettes relatives à d’anciens investissements tout en s’engageant dans un programme de nouvelles acquisitions, malgré sa situation financière critique, sachant que l’Etat la finance à hauteur de 40 à 50 millions de dinars par an, a aussi affirmé Taoufik Boufaied, qui avait révélé dans une déclaration faite plus tôt cette année que sur 4000 locomotives dédiées au transport du phosphate dont dispose la SNCFT, seules 300 sont en exploitation, contre 140 seulement il y a peu. Il avait aussi révélé que la dette de la société varie actuellement entre 900 millions et 1 milliard de dinars.
I.B.