Plus la crise s’intensifie au Moyen-Orient, plus Dubaï s’enrichit!

Le malheur des uns fait le bonheur des autres et dans le monde des affaires, il n’y a pas de place pour le pathos. Le journal britannique The Independent a publié une enquête de Michael Walken dans laquelle il affirme que le Moyen-Orient vit sur une plaque chauffante et au rythme des conflits inquiétants mais le riche émirat de Dubaï prospère grâce à l’afflux de richesses anxieuses et s’enrichit. Il affirme que l’économie de l’Émirat de Dubaï devient plus prospère grâce au tourisme et à la construction, l’émirat se présentant comme un refuge dans une région vivant au bord du danger après l’assassinat du leader du Hamas Ismaïl Haniyeh en Iran.

Imed Bahri

«Dubaï se trouve dans une position tout à fait unique. Nous sommes les véritables bénéficiaires de la crise dans la région, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire», a déclaré Zan Goschenk, directeur des opérations du cabinet de conseil immobilier Property Monitor, à l’Associated Press (AP). Le journal affirme que Dubaï bénéficie depuis longtemps indirectement des crises dans la région. Lorsque la classe aisée s’inquiète des troubles, Dubaï leur offre la stabilité, des impôts bas et un système de visa facile.

Les récents troubles au Moyen-Orient ont permis à Dubaï d’en profiter à nouveau comme lors de la propagation du Covid-19 et de l’invasion russe de l’Ukraine. 

Le marché immobilier à Dubaï connaît une forte demande notamment sur le marché de l’immobilier de luxe dont les prix ont atteint des niveaux record. Les inondations qui ont frappé l’émirat pour la première fois de son histoire, en avril, n’ont pas freiné la hausse du marché.

Le marché de l’immobilier explose

La célèbre société immobilière d’État dont le nom orne l’horizon de Dubaï, Emaar, a annoncé que ses travaux de développement ont réalisé un chiffre d’affaires d’une valeur de 8,1 milliards de dollars au cours du premier semestre de cette année contre 5,2 milliards de dollars au cours de la même période de l’année dernière.

Dans tout l’émirat, les évaluations des prix des villas haut de gamme ont atteint un nouveau record, augmentant d’environ 38% au deuxième trimestre 2024 par rapport à l’année dernière selon le cabinet de conseil immobilier Valustrat.

Le prix moyen d’une villa, terme local désignant toute maison indépendante, a dépassé 2,7 millions de dollars pour la première fois depuis une décennie.

La hausse des prix des appartements de luxe s’en rapproche, puisque les sites de Palm Jumeirah, un archipel artificiel surplombant le Golfe, ont déjà dépassé le pic de 2014.

Tariq Shah, directeur des ventes chez PatCo, une société de courtage spécialisée dans l’immobilier de luxe, a déclaré que la demande de ses clients souhaitant acheter avait considérablement augmenté. «La demande de luxe est bien supérieure aux attentes», a-t-il déclaré à AP.

Pendant ce temps, l’aéroport international de Dubaï, le plus fréquenté au monde pour les voyages internationaux, a accueilli un nombre record de 44,9 millions de passagers au premier semestre de cette année (à comparer avec les 4,5 millions de passagers par an de l’aéroport de Tunis-Carthage). Dubaï prévoit de déplacer ses opérations vers un nouvel aéroport d’une valeur d’environ 35 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

«Nous nous dirigeons vers le nombre prévu pour le reste de l’année, soit 91,8 millions de passagers transitant par l’aéroport international de Dubaï, ce qui constitue un autre record pour nous», a déclaré Paul Griffiths, PDG de l’aéroport de Dubaï, à l’AP.

9,3 millions de touristes en 6 mois

Selon une étude menée par la Banque nationale de Dubaï, qui appartient au gouvernement de Dubaï, environ 9,3 millions de touristes ont visité le hub international au cours du premier semestre, dépassant les niveaux d’avant la pandémie. La population de l’émirat est passée de 3,2 millions en 2018 à environ 3,3 millions en 2024, avec 1,1 million de personnes vivant temporairement dans la ville ou se rendant au travail chaque jour.

La famille régnante de Dubaï aspire à porter sa population à 5,8 millions d’habitants d’ici 2040. Cependant, certains analystes se demandent si ces chiffres record se poursuivront et se maintiendront. Certains ont prévenu que l’offre excédentaire de biens immobiliers pourrait éventuellement conduire à un ralentissement du marché si la demande ne se maintient pas.

«De 2025 à 2026, il y aura une énorme nouvelle offre de nouvelles unités dont la construction a commencé en 2021», a déclaré Tatiana Leskova, analyste chez S&P Global, à l’AP. Et d’ajouter : «D’ici là, nous pensons fondamentalement que la nouvelle offre ne sera pas entièrement absorbée par le marché ce qui pourrait conduire à un ralentissement cyclique.»

Les entrepreneurs ont achevé plus de 6 000 logements au cours du premier semestre de cette année et 20 000 autres logements devraient être achevés d’ici la fin de cette année selon l’agence de presse émiratie WAM.

«Ce sont des chiffres importants, mais ils sont en train d’être absorbés», explique Goshnik de Property Monitor qui précise que «les gens les achètent».

Le spectre iranien

Cependant toute chose et toute situation ont des limites. Certes, aujourd’hui les deux fronts de guerre qui agitent le Moyen-Orient sont loin de Dubaï en l’occurrence Gaza et le sud du Liban donc pour le moment l’émirat en profite mais si la guerre éclate entre l’Iran et Israël la donne changera. Toute la région s’embrasera et de ce fait, le tourisme ne pourra pas continuer à fleurir, l’immobilier à prospérer, les riches à exhiber leurs fortunes et les jet-setteurs à festoyer.

La situation profite aujourd’hui à Dubaï mais c’est une situation aléatoire tributaire des agitations géopolitiques. Seuls les semaines et les mois à venir nous diront comment la situation évoluera alors que l’escalade n’a jamais été aussi intense entre les principaux protagonistes de la région et que tout le monde au Moyen-Orient retient son souffle.

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