La récente rencontre Akhannouch-Ammar en France signale la possibilité d’un dégel diplomatique entre le Maroc et la Tunisie après près de deux ans de relations glaciales. (Illustration : entre le 26 août 2022 et le 14 août 2024, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts).
Adil Faouzi
La récente rencontre entre le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch et le ministre tunisien des Affaires étrangères Nabil Ammar lors des cérémonies du 80e anniversaire du débarquement allié en Provence, a fait naître l’espoir d’un éventuel dégel des relations diplomatiques entre les deux pays.
La rencontre de haut niveau a eu lieu en marge des cérémonies auxquelles a assisté le président français Emmanuel Macron.
Cette rencontre a marqué la première interaction officielle entre responsables marocains et tunisiens depuis la «crise de la Ticad» de l’été 2022.
Les relations bilatérales ont atteint un point bas en août 2022 lorsque le président tunisien Kaïs Saïed a reçu le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, lors de la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad8) qui s’est tenue à Tunis.
Le Maroc a vivement protesté contre cet «acte grave et sans précédent» en rappelant son ambassadeur en Tunisie. La Tunisie a répondu de la même manière le lendemain en rappelant son propre ambassadeur de Rabat.
Les ambassadeurs retourneront dans leurs ambassades
Selon le ministère tunisien des Affaires étrangères, Ammar a rencontré Akhannouch, qui représentait le roi Mohammed VI aux cérémonies de Provence. Le ministère a publié une photo de la réunion sur sa page Facebook officielle.
Des journaux tunisiens ont qualifié la rencontre d’«importante» et de «chance d’affirmer la volonté commune de développer les relations économiques et politiques entre les deux pays frères et de mettre fin à la situation actuelle». Ammar et Akhannouch «ont échangé des sourires et des points de vue sur les moyens de renforcer la coopération bilatérale entre la Tunisie et le Maroc», a-t-on aussi rapporté.
Cette rencontre fait suite aux déclarations faites en octobre 2023 par le ministre tunisien des Affaires étrangères niant toute divergence ou hostilité avec le Maroc.
«Il n’y a pas de rupture avec le Maroc frère… et il n’y a pas d’hostilité… Avec le temps, les ambassadeurs retourneront dans leurs ambassades», a déclaré Ammar au journal tunisien Al Chourouk.
De nombreux observateurs ont interprété ses remarques comme le signe d’une possible avancée dans la résolution de la crise diplomatique vieille de près de deux ans.
Avant les tensions actuelles, le Maroc avait été un fervent soutien de la Tunisie, notamment en envoyant une aide médicale d’urgence en juillet 2021 sur ordre du roi Mohammed VI pour aider le pays à faire face à une grave vague de Covid-19.
Le monarque marocain a également effectué une visite historique en Tunisie en 2014 au lendemain de sa révolution, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à le faire et renforçant l’image du pays dans une transition difficile.
Cependant, sous la présidence de Kaïs Saïed, la Tunisie s’est récemment rapprochée plus étroitement de l’Algérie, qui soutient les séparatistes du Polisario contre le Maroc dans le conflit du Sahara occidental.
Un premier pas timide dans la bonne direction
L’Algérie a poussé un projet de «Nouveau Maghreb» qui exclut le Maroc, bien que cette initiative ait suscité des réserves de la part de la Tunisie et un rejet de la Libye.
Toute normalisation durable des relations maroco-tunisiennes nécessitera probablement que la Tunisie revienne à son ancienne position de neutralité sur la question du Sahara qui lui a bien servi pendant des décennies après son indépendance.
La réunion Akhannouch-Ammar constitue peut-être un premier pas timide dans cette direction, mais il reste à voir si elle conduira à une restauration complète des relations autrefois fortes et mutuellement bénéfiques entre les deux nations frères du Maghreb.
Traduit de l’anglais
Source: Marocco World News.