James Sacré est poète et universitaire français. Sa poésie célèbre le corps, où l’amour prend une place majeure, non sans humour et distance, où l’invitation au voyage et à la rencontre est un appel fraternel.
Né en 1939 en Vendée et élevé dans un milieu rural et paysan, cela marquera son univers poétique. Après avoir été instituteur, il s’installe aux Etats-Unis où il enseigne à l’Université. Effectue de nombreux voyages, notamment, au Maroc et en Tunisie. Revient en France.
Il publie une œuvre riche et nombreuse dont quelques titres : Paysan comme quatre; On regarde un âne; Figure qui bouge un peu; Viens, dit quelqu’un; Le paysage est sans légende.
Tahar Bekri
Qu’est-ce qui vient si on parle, me voilà
Inquiet de penser à la proximité de ta joue
En même temps qu’à des agencements de mots
pour un poème.
C’est bien comme si je voulais toucher à de la
vérité.
Mais dire exactement toute une histoire, laquelle
se déprend
De quelques gestes simples (entre bottes de
paille et la nuit)
Puis des sommeils remplis de patience et de ruse,
Toute cette histoire tellement banale c’est pas
possible,
Ses péripéties drainent trop d’affection, de bêtise.
Qu’est-ce qui m’a fait croire à des transparences
A travers l’épaisseur (crasse des draps, ton épaule
qui écoute)
De mon sentiment mêlé à mon corps, au tien,
Dors-tu vraiment ?
Je m’empêtre à jamais dans cette histoire d’amour
Tout se complique, les plus excessifs mouvements
d’organes
Autant qu’une fragile venue de couleur sur ton
visage nu.
L’indigence de mon cas particulier s’ajoute
A l’énormité tendre et grotesque du monde.
Extrait de Ecrire pour t’aimer; à S. B. (éditions Ryôan-ji, 1984).