Ligue des Nations. Paris. Stade du Parc des Princes. France-Italie 1-3. La rentrée du football commence fort grâce aux équipes nationales et encore plus avec ce résultat, inattendu pour certains.
Jean-Guillaume Lozato *
L’Euro 2024 appartient déjà au passé. Suivi par les Jeux Olympiques de Paris, il s’est fait oublier rapidement malgré le souvenir du jeu spectaculaire des Espagnols. C’est de nouveau en terre parisienne que vient d’avoir lieu une affiche entre deux nations présentes à l’Euro avec des fortunes diverses. La France accueillait donc l’Italie. Elle a subi une défaite à domicile inattendue.
La France a été demi-finaliste au dernier Championnat d’Europe des Nations. Eliminée par celle qui allait remporter le titre: l’Espagne. L’Italie, elle, s’est arrêtée aux huitièmes de finale, malgré les exploits de Donnarumma et Calafiori.
Pour les hommes de Didier Deschamps, après la médaille d’argent des garçons guidés par Thierry Henry aux J.O, il s’agissait d’assurer une forme de continuité. Voire de bonification. Tandis que pour ceux dirigés par Luciano Spalletti, il s’agissait de limiter la casse pour pouvoir reconstruire.
Deux styles, deux épisodes
Le match s’est présenté lui aussi de manière antithétique. Avec des Français ouvrant immédiatement le score par Barcola, très décidé, aidé par le pressing de Mbappé. Et bousculant leurs adversaires de longues minutes suivantes, souvent en prenant des initiatives à partir du côté gauche. Et en dépit de l’égalisation magistrale de Dimarco sur un service aussi efficace qu’esthétique de Tonali au moyen d’une aile de pigeon, Donnarumma et ses coéquipiers ont du faire face aux assauts répétés d’un groupe rapide capable de casser les lignes en passant du 4-2-3-1 au 4-3-3. Car mis à part un tir cadré signé Retegui stoppé à ras-de-terre par Maignant, les joueurs français ont donné du mal à leurs homologues transalpins, obligeant Calafiori à s’interposer ou à dégager plusieurs fois.
C’est en seconde période que la Squadra Azzurra organisée en 3-5-1-1 a su passer plus de la réaction à l’action. Poussant le camp d’en face à l’erreur ou à la faute (carton jaune pour Koné). Et en comprenant qu’en évitant de se focaliser sur Mbappé et en gardant un œil sur chaque joueur, ce serait plus facile. Ce qui lui a permis de mener par Frattesi sur un contre rapide et magistralement effectué. De confirmer avec un troisième et dernier but par Raspadori (61′, sur service de Odigie). Puis de subir, sans flancher, les réactions d’amour propre de Griezmann et surtout Dembélé très en vue.
Dans ce groupe composé de la Belgique, de la France, d’Israël et de l’Italie, le suspense vient de s’imposer dans l’ambiance. La Belgique a dominé Israël; en se faisant peur toutefois avec un score de 1-1, là aussi à la mi-temps. Pour finalement s’imposer 3-1 à domicile grâce à De Bruyne.
Pour l’instant, la France est bonne dernière avec Israël. La Belgique a gagné sans convaincre, en appliquant au départ le même schéma tactique que celui des Français. Aller défier l’Italie chez elle et Israël sur son terrain déterminera bien des choses peut-être dans le court terme. Mais, attention, tout vient à peine de commencer.
Cette rentrée des équipes nationales de football replace sous les projecteurs les protagonistes de l’Euro. Chaque équipe rêvant d’une participation à la Coupe du Monde. Pour se qualifier, chacune devra garder à l’esprit que tout sera possible si l’on tient compte que les calendriers du sport moderne sont organisés quasi identiquement pour les éliminatoires concernant les pays et l’harmonisation des championnats pour les clubs.
L’Italie se relève, la France perd sans être ridicule
Hier soir, la France a perdu sans être ridicule. Ce qui renforcerait l’idée que l’Italie s’est relevée. Mais ce jugement ce jugement est prématuré tant il reste du chemin avant de pouvoir encenser ou enterrer l’une ou l’autre des deux équipes. Le match retour en Italie promet, avec un Frattesi qui aura à cœur de reprendre son ballon de la tête arrivé sur la transversale de Maignant (6′ minute) et de le catapulter cette fois au fond du filet. La France est prévenue et devra mieux utiliser Clauss, latéral au potentiel intéressant. En attendant, Donnarumma est encore décisif.
Une petite curiosité à relever: l’Islande a défait le Montenegro 2-0 en appliquant un schéma ressemblant à celui italien, en verticalisant l’attaque par un pourvoyeur (Sigurdsson dans un rôle similaire à celui de Pellegrini) derrière un finisseur (Oskarsson dans un positionnement semblable à celui de Retegui), et en marquant un but par un homme de couloir (Thorsteinsson dans le même rôle que Dimarco…). Et si l’Italie, lors de la prochaine grande compétition en 2026, au lieu de compter traditionnellement sur des individualités, se mettait à faire comme l’Islande à l’Euro 2016, c’est-à-dire rappeler aux gens que le football est d’abord un sport collectif qui se gagne en équipe ? Universitaire et analyste de football.