Sara Netanyahu n’a pas seulement de l’influence sur son époux le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, elle exerce tout simplement le pouvoir et prend les décisions. Elle va jusqu’à convoquer les candidats aux postes gouvernementaux et militaires les plus importants à la résidence du Premier ministre et conduit les entretiens en lieu et place de son époux. Son génocidaire de mari, boucher de Gaza et du Moyen-Orient s’avère être un agneau docile et complètement soumis à sa femme. C’est une relation de domination et d’emprise qui est décrite dans la très riche enquête du quotidien londonien arabophone Al-Quds Al-Arabi basée sur les révélations de la presse israélienne. Portrait d’une femme de pouvoir qui ne partage rien, et pas que son cher Benjamin!
Imed Bahri
Aucun article de presse n’a été publié en Israël sur l’intention du Premier ministre de limoger le ministre de la Défense Yoav Gallant sans mentionner le rôle secret joué par son épouse Sara Netanyahu dans les coulisses sauf que ce n’est qu’un épisode d’un long feuilleton d’ingérence dans les nominations et les limogeages.
Depuis que Netanyahu est arrivé au pouvoir pour la première fois, en 1996, les journaux israéliens ont publié des déclarations, des fuites et des témoignages sur le rôle décisif que joue son épouse dans ses décisions notamment dans le domaine du choix des membres du gouvernement. En effet, des rapports et des déclarations d’experts et d’anciens collègues de Netanyahu indiquent que son épouse joue un rôle dans son obstination à s’opposer à la conclusion d’un accord et à la fin de la guerre brutale contre Gaza.
Sara Netanyahu née Ben-Artzi a vu le jour dans la colonie de Kiryat Amal dans le nord d’Israël. Dans sa jeunesse, elle a travaillé comme journaliste dans un magazine de jeunesse affilié au journal Maariv et dans l’armée, où elle a effectué son service militaire dans les renseignements (Aman).
En 1995, elle a obtenu une maîtrise en psychologie à l’Université hébraïque de Jérusalem et travaille depuis comme psychologue pour enfants. En 1991, elle a épousé un député du Likoud et alors vice-ministre du nom de Benjamin Netanyahu. Avant cela, en 1980, elle avait été mariée à un Israélien nommé Doron Neuberger.
Au moment de son mariage avec Sara, Netanyahu avait divorcé à deux fois et de l’une de ses ex-femmes, il avait eu une fille qui appartient aux juifs ultra-orthodoxes et qui a rompu ses relations avec lui il y a des années. Benjamin et Sara Netanyahu ont deux fils, Avner et Yaïr qui n’ont pas servi dans l’armée et vivent aux États-Unis depuis plus d’un an. La guerre ce n’est pas pour eux !
Depuis qu’elle est devenue «Première Dame», Sarah Netanyahu est intervenue dans la gestion des affaires de l’État s’impliquant même dans des questions secrètes et sensibles liées à la sécurité, comme l’ont rapporté plusieurs enquêtes et des témoignages dans la presse au cours des trois dernières décennies.
La partenaire de ses secrets
Avant son départ, il y a des années, le chef du Mossad Meir Dagan, a déclaré, dans une interview au journal Haaretz, qu’il rendait visite à Netanyahu chez lui la nuit pour lui fournir un briefing important sur des questions sensibles liées à la sécurité et il était surpris que Sarah Netanyahu rejoigne la réunion et y participe jusqu’à ce qu’il doive poliment demander à rester seul avec son mari.
Selon une enquête du journaliste Ban Caspit publiée par Maariv il y a trois ans, Sarah est entrée dans le salon de la maison sans avertissement, alors que la réunion était censée être du plus grand secret et que seules les personnes bénéficiant d’un classement de haute sécurité pouvaient y assister, mais Sarah Netanyahu est soudainement entrée et a rejoint la séance. Dagan a arrêté de parler et Netanyahu lui a dit: «Continuez votre discours», mais Dagan a dit qu’il «préférerait continuer la conversation après le départ de la dame (Sara)», alors Netanyahu lui a dit de continuer son discours car Sara est «partenaire de ses secrets». Dagan n’en a pas été convaincu et a déclaré: «Je ne me souviens pas qu’elle ait reçu une classification de sécurité.» Sara quitta la pièce en colère et claqua la porte.
Plus tard, Dagan n’a jamais plus été convoqué à la résidence du chef du gouvernement et les réunions entre lui et Netanyahu ont eu lieu désormais au bureau du Premier ministre ou au siège du Mossad. Ben Caspit souligne que de nombreuses personnes comme Dagan ont été inscrites sur la liste des personnes interdites d’accès à la résidence gouvernementale par décision de Sara.
Sara dirige les entretiens d’embauche
Le journaliste, dans un article paru dans Maariv en 2021, a évoqué l’incident de la convocation urgente du général de brigade Guy Tzur pour rencontrer Netanyahu pendant la guerre d’Israël contre la bande de Gaza en 2012. Malgré la guerre, Tzur est allé rencontrer Netanyahu durant une période pendant laquelle il cherchait à nommer un secrétaire militaire du chef du gouvernement et dès que la rencontre entre eux a commencé, Sara est entrée et a chuchoté quelque chose à l’oreille de Netanyahu alors il s’est excusé pour sortir et c’est Sara qui a continué l’entretien avec Tzur et l’a interrogé sur sa position sur le plan de désengagement de la bande de Gaza mis en œuvre par Ariel Sharon en 2005. Sara demanda à Tzur avec désapprobation: «Comment as-tu pu faire ça?». Une demi-heure plus tard, Benjamin Netanyahu est revenu, s’est assis pendant deux minutes avec Tzur, l’entretien s’est terminé et ce dernier n’a pas obtenu le poste. Caspit ajoute que ce scénario s’est répété quatre fois puisque quatre officiers supérieurs ont été convoqués pour rencontrer Netanyahu dans son bureau. Ensuite, ils ont été convoqués à une réunion de suivi à la résidence où Netanyahu était informé au début de chaque réunion qu’il y avait un appel téléphonique important auquel il fallait répondre et qu’à son départ, Sara entrerait et dirigerait les entretiens avec les candidats aux postes gouvernementaux ou militaires.
Selon la même enquête journalistique, l’ancien chef d’état-major Gadi Eisenkot a vécu la même expérience lorsqu’il était candidat à ce poste et il a appelé, avec étonnement, le ministre de la Défense de l’époque, Moshe Yaalon, et lui a dit: «La rencontre n’avait pas lieu avec Netanyahu mais avec sa femme.» En réponse, Yaalon a interdit aux officiers de l’armée de rencontrer Netanyahu dans la résidence du Premier ministre alors qu’ils portaient l’uniforme militaire officiel. Il est devenu clair plus tard que Sara Netanyahu cherchait à nommer une autre personne au poste de chef d’état-major mais Yaalon refusa catégoriquement ce qui retarda de trois mois la nomination d’Eizenkot.
Il y a également des années, le général de réserve Guy Tzur a rappelé son expérience de 2012 avec Sara Netanyahu et ce dans un témoignage devant le tribunal dans le cadre d’un procès en calomnie et diffamation intenté par un proche de Netanyahu, l’avocat David Shomron, contre un autre avocat du nom de David Artzi. Tzur a rapporté son entretien de 45 minutes avec Sara.
Emprise de Sarah sur son mari
L’avocat David Artzi a déclaré dans un entretien à la presse qu’il existe un accord écrit entre Sara et Benjamin Netanyahu obligeant ce dernier à la consulter sur les questions de gestion du pays notamment la nomination des hauts responsables. Artzi, qui était lui-même un haut responsable de l’industrie aéronautique militaire israélienne et y a passé plus de quarante ans, a déclaré dans une interview vidéo avec le journaliste Dan Raviv en 2012 que dans les années 1990, il avait vu un accord signé par Netanyahu et Sarah avec l’avocat David Shimron prouvant l’emprise quasi-totale de Sarah sur son mari.
Selon Artzy, l’accord stipule l’interdiction à Netanyahu de sortir la nuit sans que Sara l’accompagne, le droit de celle-ci de participer aux séances secrètes du gouvernement même si elle ne dispose pas d’une classification de sécurité lui permettant de le faire, son invitation automatique à participer aux séances, mais c’est à elle que revient la décision d’y assister ou non. L’accord stipule aussi son approbation écrite pour la nomination du chef d’état-major et des chefs des services du Mossad et du Shin Bet, la gestion complète des affaires financières de Netanyahu de sorte qu’il n’ait pas le droit de posséder une carte de crédit, Sarah lui fournissant une allocation, et dans le cas où Netanyahu viole ces conditions, l’accord stipule que toutes ses propriétés seront transférées à son épouse.
Artzi a précisé que l’avocat Shimron lui avait montré le texte de l’accord pour démontrer son importance et ses capacités en tant qu’avocat lors de la tentative de ce dernier de convaincre Artzi d’intervenir en sa faveur afin d’empêcher la résiliation de son contrat de travail avec l’une des principales institutions.
Il a aussi noté que l’emprise a commencé quand Sara a découvert une infidélité conjugale dans laquelle son époux a ensuite avoué être impliqué. Elle l’a donc fait chanter de cette manière. Toutefois, on apprendra par la suite que l’infidélité conjugale présumée à la veille des élections de 1996 était une histoire fabriquée par Netanyahu prétendant que quelqu’un essayait de le faire chanter en publiant une vidéo intime. Il aurait fabriqué cette affaire afin d’attirer la sympathie des électeurs et d’être traité comme une victime de chantage.
Depuis la semaine dernière, des rapports et des fuites israéliens successifs indiquent que c’est Sarah Netanyahu qui empêche Sa’ar d’être nommé ministre de la Défense à la place de Gallant et elle aurait refusé de remplacer un «traître par un traître» estimant que Sa’ar trahirait son mari au lendemain de sa nomination au ministère comme il l’avait fait en de précédentes occasions.
Des affaires de corruption
Les critiques ne se sont pas limitées aux cercles opposés à Netanyahu puisque les milieux qui le soutiennent ont lancé des appels pour empêcher Sara d’intervenir, comme le journaliste de droite Migal Yanon (Channel 14) considéré comme le porte-parole de Netanyahu, qui a déclaré que le Premier ministre lui-même lui a donné l’opportunité d’intervenir pour éloigner Sara des cercles de décision parce qu’elle n’était pas élue.
Sara Netanyahu joue un rôle que les épouses des précédents premiers ministres israéliens se sont abstenues de jouer, et ce depuis Ben Gourion qui a exprimé sa déception de son épouse Paula qui voulait s’immiscer dans les affaires de l’État.
Il y a eu ensuite le cas de Sonia Peres qui s’est d’abord contentée de gronder son mari puis s’est rapidement coupée complètement de lui et s’est gardée de s’immiscer dans les affaires publiques. Plus tard, elle s’est séparée de lui et a refusé de rester à ses côtés à la résidence du Premier ministre parce qu’elle voulait qu’il arrête la politique après une sa longue carrière.
En plus de son ingérence dans la politique et les affaires de l’État, Sara Netanyahu est accusée de mener un style de vie caractérisé par l’opulence, l’extravagance et la recherche des cadeaux de la part des hommes d’affaires au point d’exiger elle-même des bouteilles de bon vin rouge français, des cigares cubains, des colliers en or et d’autres choses.
Sara Netanyahu avait déjà été condamnée à une amende après avoir été reconnue coupable dans un scandale de corruption concernant les frais de bouche de la résidence et elle est aujourd’hui poursuivie avec son mari dans quatre affaires de corruption.