Saïed préconise un nouveau modèle de développement

Kaïs Saïed veut «rompre avec le passé» non seulement au niveau du discours, ce que beaucoup de ses opposants lui reprochent, mais aussi «au niveau du contenu», comme il l’a souligné lors de sa réunion, lundi 23 septembre 2024, au Palais de Carthage, avec le chef du gouvernement, Kamel Maddouri.

Examinant le Document des grandes orientations du développement, le président de la république a fait noter que «certains parlent, depuis des décennies, d’un nouveau modèle de développement sans jamais y parvenir, car, en réalité, ils souhaitent perpétuer des choix aggravant les disparités économiques et les inégalités sociales», par allusion à tous ses prédécesseurs, pas assez partageux à son goût, mais aussi aux membres des quatre gouvernements qu’il avait lui-même nommés depuis son accession à la magistrature suprême en 2019, dont certains menaient une politique aux antipodes de ses conceptions socialisantes.

Selon un communiqué de la présidence de la république, Saïed a affirmé que la Tunisie a besoin de nouveaux concepts pour remplacer des slogans et des termes «dont la date de péremption a expiré», sans préciser ni les anciens ni les nouveaux concepts en question dont il est question.

On peut cependant deviner qu’il s’agit pour lui de souligner le rôle social de l’Etat, donc moins de libéralisme économique et plus d’interventionnisme étatique. Soit moins de liberté et, forcément, plus de dirigisme. D’où d’ailleurs son opposition de principe aux projets de privatisation des entreprises publiques, même celles – et cela concerne la majorité d’entre elles – qui sont en grosse difficulté financière et maintenues sous perfusion grâce à l’argent du contribuable. D’où aussi son attachement à la réussite des entreprises communautaires lancées sous sa férule, qui ont beaucoup de mal à démarrer, et qui sont elles aussi maintenues sous perfusion grâce aux générosités de l’Etat.

La réunion d’hier a, par ailleurs, permis d’examiner le projet de texte de loi relatif aux marchés publics relatifs aux projets d’importance stratégique, ajoute le communiqué. A ce propos, le chef de l’Etat a estimé que la législation en vigueur est dépassée et a causé des pertes la communauté nationale. «Des dizaines de milliers de milliards ( !?) ont été alloués à des projets dont les travaux n’ont jamais vu le jour ou ont été interrompus peu de temps après leur lancement», a-t-il dit, selon le même communiqué.

Rappelons qu’un conseil ministériel restreint s’est tenu, samedi dernier, au Palais du Gouvernement à la Kasbah, et a été consacré à l’examen du projet de décret fixant les dispositions spécifiques liées à la réalisation des grands projets publics à caractère stratégique, et qui vise à en accélérer la réalisation.

I. B. (avec Tap).