Samson dans le temple à Gaza : une leçon d’actualité

Dans le contexte du conflit actuel en Palestine, où chaque acte de violence provoque des pertes profondes et des souffrances irréversibles, il est crucial de tirer les leçons des récits anciens pour éviter de répéter les erreurs tragiques du passé.

Khémaïs Gharbi *

L’histoire biblique de Samson et du temple de Gaza illustre puissamment les conséquences de la vengeance aveugle. Dans le Livre des Juges, Samson, doté d’une force extraordinaire, est capturé et humilié par les Philistins. Au moment ultime, il invoque Dieu pour retrouver sa force une dernière fois et fait s’effondrer le temple sur lui et ses ravisseurs.

Ce récit, se déroulant précisément à Gaza, nous interpelle; j’y vois presque un signe divin. Il souligne que la violence destructrice ne laisse ni vainqueur ni survivant. En détruisant le temple, Samson devient à la fois bourreau et victime d’une vengeance qui consume tout sur son passage. Est-ce un avertissement céleste?

Aujourd’hui, encore à Gaza, ce passage prend une signification poignante: l’histoire de Samson invite à réfléchir à une alternative, à trouver une issue où la force pourrait être canalisée pour bâtir un avenir de paix.

Des symboles d’espoir et de rapprochement historique

À l’image des humanistes arabes, comme Mahmoud Darwich, Amin Maalouf, Hanan Achrawi et Sari Nusseibeh, qui prônent la dignité et la justice, il est possible de concevoir une autre voie, où la paix n’est pas un simple compromis, mais un engagement profond envers la vie et les droits de chaque peuple.

Le moment est venu de rappeler, à la fois aux humanistes juifs et arabes, qu’ils partagent une responsabilité commune envers l’avenir de leurs peuples. Ce n’est qu’en respectant les droits, la dignité et les aspirations de chacun que Juifs et Arabes pourront construire un avenir où la terre de leurs ancêtres deviendra un lieu de vie et non de conflits. Comme l’écrivait Hannah Arendt, «la promesse du monde moderne n’est pas celle d’une communauté homogène, mais d’une pluralité harmonieuse».

Alors que nous rappelons l’importance de la paix, il est essentiel de se tourner vers les symboles d’espoir qui ont marqué l’histoire du conflit israélo-palestinien. La visite historique de Anouar Sadate à Jérusalem et la poignée de main entre Yasser Arafat, Yitzhak Rabin et Shimon Peres lors des accords d’Oslo ont montré au monde qu’un autre chemin est possible. Ces moments de rapprochement, retransmis bien au-delà des frontières, rappellent qu’un avenir de coexistence et de réconciliation est non seulement imaginable, mais déjà amorcé.

Pour un avenir de paix, en mémoire des humanistes des deux peuples

À l’aube de mes 80 ans, ces moments de paix résonnent toujours en moi. En tant qu’interprète lors de ces échanges, j’ai reçu ces paroles d’espoir et les ai restituées avec la même détermination sincère de leurs auteurs pour un avenir où Juifs et Arabes vivraient ensemble dans le respect et la dignité. J’ai eu l’honneur d’être témoin privilégié de cet esprit de paix et de réconciliation, et je reste, plus que jamais, convaincu de la nécessité de la solution de deux États, vivant côte à côte en paix.

Puissions-nous, en mémoire de la visite historique de Sadate à Jérusalem, ville trois fois saintes, et de tous les humanistes des deux peuples, œuvrer pour que cette terre ne soit plus un champ de bataille, mais un sanctuaire de paix, où chaque vie est précieuse, chaque espoir légitime, et où la réconciliation devienne enfin réalité.

* Ecrivain et traducteur.


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