Né en 1961 à Gafsa, dans le sud tunisien, Abdelwahab Melaweh est poète, romancier, dramaturge, traducteur et critique littéraire.
Il collabore à différents journaux arabes. Participe à divers festivals et rencontres littéraires, en Tunisie et à l’étranger.
Partisan du poème arabe en prose, il a publié des recueils de poésie, dont : Parchemins de la dernière solitude, 1995 ; Debout seul, 1997; Je suis ainsi toujours, 2002; Comme arrangement prévisionnel, 2018; Le livre de l’insoumission, 2012. En français : Nul ne viendra à son heure, Ed. Al Manar, Paris, 2010
Tahar Bekri
Ceci n’est pas une erreur d’un regard fixe
car la fleur apparue à l’entrée de la forêt lumière
rend le passant égaré non voyant apercevant ses pétales
refuges à la douleur du souvenir
comme l’illusion qui le mène vers un coin de sa mort.
Ô comme elle séduit ! Comme elle est belle
Comme son verre de miel mortel
séduit l’amant attiré par ce qui coule prodiguant le désir en elle
et les fragrances excitantes qui en émanent.
Tueuse comme elle est bonne !
La femme maudite allongée sur une chaise roulante
Ses amants accourent vers elle assommés raides
Comme si elle était un début sans fin.
Toute chose est discutable d’habitude
sauf interroger la fleur ensorceleuse
ainsi dit le philosophe hérétique
pendant qu’il mourait.
Ce n’est pas une erreur dans l’odorat
ou dans une odeur falsifiée d’origine
tel celui qui dans l’illusion de l’ombre
couvre sa tête du soleil avec ses coudes
s’abandonne volontiers à l’allégresse
et apparaît dépassant ses tremblements
ivre montant les sens de l’âme en lui
s’écroulant drogué sur ses genoux mort.
C’est une fleur à l’offensive fatale
(La rose n’a pas de cœur, jaillit de ses imaginations, allégée de la monotonie du pouls s’élève allégée de l’oppression du lieu, indifférente à ses sentiments s’occupant des errances de l’air, elle réveille les êtres de la joie, libère les oiseaux d’un vieux ciel. Ce cri caché dans les effets d’un parfum obscur qui prend le non voyant par la main à travers un passage au cœur de la nuit, ainsi est la rose)
Il ne la connaissait pas marchait vers elle évanescent
attiré par son doux toucher
tenté par la byzantine écarlate
sa pièce de monnaie dans une céramique tendre et frêle
opaque qui le tire vers les creux de ses mains
il lui suffisait de toucher la couleur pour tomber évanoui.
Son goût est plus doux que le sucre
plus magnifique que le rêve mêlé aux gouttes de rosée
plus délicieux que les cerises pétries dans la salive des amantes
avec les baisers des rencontres
douce dans son goût ceci n’est pas une erreur de goût
elle qui est coloquinte mortelle, poison est sa sève
Traduit de l’arabe par Tahar Bekri
(Remerciements à l’auteur)
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