Les raisons historiques du conflit russo-ukrainien

Pour beaucoup, la guerre russo-ukrainienne a commencé avec l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022. Cependant, le conflit opposant les deux pays a commencé bien avant et ses causes plongent leurs racines dans l’histoire agitée des deux voisins. Et de toute la région… (Illustration : La Russie, l’Ukraine et leurs voisins).

Habib Glenza 

Cette guerre déclenchée par la Russie et que l’Union européenne cherche à poursuivre jusqu’au dernier Ukrainien, suscite de nombreuses questions sur les motivations et les objectifs des deux belligérants et des pays qui les soutiennent.

Pourquoi les Européens ont-ils pris la défense de l’Ukraine alors qu’il n’est membre ni de l’Otan ni de l’UE? Pour quelles raisons les Européens tiennent-ils à soutenir une guerre à leurs frontières qui peut déboucher, à tout moment, à une guerre mondiale nucléaire dévastatrice?   

Pour mieux comprendre les raisons qui ont poussé la Russie à envahir l’Ukraine, il faut connaître l’histoire des pays où vivent des minorités russes après la chute de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en 1991.

Au lendemain de la désintégration du bloc communiste, et sous le règne de Mikhaïl Gorbatchev, huitième et dernier dirigeant de l’URSS, la Communauté des Etats indépendants (CEI) fut créée. Elle regroupait plusieurs anciennes républiques soviétiques comme la Biélorussie, l’Ukraine, la Moldavie ainsi que cinq pays d’Asie centrale.

La nomenklatura de chaque république se maintint initialement au pouvoir, gardant les liens étroits et privilégiés avec la Fédération de Russie. Les minorités russes jouissaient des mêmes droits que le reste de la population, jusqu’à la montée des mouvements ultra-nationalistes et russophobes, qui ont déclaré la guerre aux minorités russes, allant jusqu’à réclamer l’épuration ethnique comme ce fut le cas en 2014.

Minsk II : un accord mort-né

À la suite de l’échec manifeste du protocole de Minsk 1, visant à mettre fin à la guerre en Ukraine orientale entre citoyens ukrainiens, les uns pro-ukrainiens et les autres pro-russes, et après la reprise des tensions, la confrontation est repartie en décembre 2014. Le 12 février 2015, un nouvel accord est signé à Minsk (Minsk II). Cet accord est signé par l’Ukraine, représentée par Petro Porochenko et des représentants des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk dans le but de mettre en place un nouveau cessez-le-feu et empêcher les ultranationalistes de commettre le génocide des minorités russes vivant en Ukraine. Les garants de cet accord sont Angela Merkel (Allemagne), François Hollande (France) et Vladimir Poutine (Russie), Cependant, les mouvements ultranationalistes ont mis la pression sur le gouvernement ukrainien pour qu’il ne respecte pas cet accord.

En 2022, Angela Merkel et François Hollande ont avoué, assez maladroitement du reste, que l’accord de Minsk II, qui devait mettre un terme aux affrontements dans le Donbass, ont permis à l’Ukraine de «gagner du temps pour mieux se préparer à la guerre contre la Russie».

Zelenski à la reconquête du Dombass et de la Crimée

Le 26 mars 2021, le président ukrainien Volodymyr Zelenski a émis un décret pour la reconquête de la Crimée et les deux provinces autonomes de Donetsk et de Lougansk, habitées en majorité par des Ukrainiens d’origine russe. Et il a commencé à mobiliser son armée pour récupérer ces territoires, tout en promulguant une loi abolissant le statut du russe comme seconde langue officielle dans le Donbass.

Sous la pression des partis ultranationalistes, le parlement ukrainien a adopté, le 1er juillet 2021, une loi qui stipule que les Russes en Ukraine n’ont pas les mêmes droits que les Ukrainiens. En d’autres termes, ils deviennent des citoyens de seconde zone et la langue russe n’est plus une langue officielle en Ukraine.

Cette loi a mis le feu aux poudres non seulement du côté des minorités russes mais aussi des minorités hongroises et roumaines en Ukraine.

A la fin de mars 2021, l’armée ukrainienne a intensifié ses bombardements sur le Donbass et à la mi-février de la même année, les bombardements ont doublé voire triplé d’intensité jusqu’à la mi-février 2022.

Poutine qui, depuis les accords de Minsk II, n’a pas réagi aux agressions des ultranationalistes ukrainiens envers les Russes, a pris la décision d’intervenir en Ukraine, le 24 février 2022, officiellement pour répondre à l’appel des Russes du Donbass et de la Crimée conformément à l’article 5 de la Charte des Nations Unis concernant la protection des minorités.  

Dans la foulée, la Fédération de Russie a reconnu l’indépendance «de facto» des provinces que les Ukrainiens comptaient reprendre.

Le problème des minorités russes  

Le problème de l’Ukraine et des pays baltes (Lettonie, Estonie et Lituanie) est un donc de nature ethnique! Il n’y a pas en réalité de revendication territoriale comme c’est souvent avancé par les médias occidentaux. Par ailleurs, dans aucun de ses discours, Poutine n’a prétendu vouloir annexer l’Ukraine ou envahir l’Europe, pour la simple raison que la Russie dispose de 17 millions de km2 pour 150 millions de d’habitants, et que, par conséquent, elle serait incapable de faire la guerre à une Europe qui compte, dans les faits, plus de 740 millions d’habitants!

L’existence des minorités russes en Ukraine et dans les pays baltes date de l’époque soviétique où toutes les ethnies vivaient sous un seul parapluie, celui de l’URSS. Aujourd’hui, en Ukraine ou dans les pays baltes, des ultranationalistes russophobes exigent l’expulsion des Russes, à l’instar de ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie où les ultranationalistes juifs arabophobes sont en train de commettre des crimes contre les Palestiniens! La seule différence, c’est qu’en Palestine, il n’y a personne pour défendre et protéger les Palestiniens, ni leurs voisins Arabes ni, à fortiori, les Européens, qui soutiennent plutôt l’expansionnisme israélien.

Ce qu’il faut retenir de cette guerre insensée, voulue par Joe Biden et les Russophobes européens, qui comptent continuer à soutenir l’Ukraine dans son combat contre la Russie, c’est son impact négatif sur l’économie européenne, jadis prospère, et qui est aujourd’hui en pleine crise, à cause notamment de ce conflit qui aurait pu être évité lors des pourparlers d’Istanbul en 2022 et même avant, en 2015, après l’accord de Minsk II.

La Suisse : une démocratie unique au monde

La Suisse comporte quatre régions culturelles et linguistiques et quatre langues nationales : l’allemand, le français, l’italien et le romanche, cette dernière n’étant que partiellement officielle.

En conséquence, les Suisses forment une nation au sens civique du terme, n’ayant pas d’unicité forte sur un plan ethnique ou linguistique.

Le sens fort de l’identité et de la communauté des Suisses est fondé sur un fond historique commun et le partage de principes politiques et de caractéristiques telles que le fédéralisme, la démocratie directe, le symbolisme alpin et des mythes fondateurs. C’est ce qui fait défaut en Ukraine et dans les pays baltes. Aussi, et à tout moment, surtout lorsque les sentiments nationalistes s’exacerbent parmi les populations, une guerre peut éclater entre l’Ukraine et la Hongrie, l’Ukraine et la Roumanie ou peut être entre la Russie et la Lituanie, l’Estonie ou la Lettonie en raison d’une mentalité ethnique sinon raciale qui alimente la haine de tous côtés.



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